Choisir d’accepter et de s’adapter, c’est la plus difficile tâche que j’ai eu à accomplir en tant que papa.
Je suis entre la frustration et la déception à chaque fois que je veux jaser avec mes gars de la vie avec un grand V. Ils ont l’âge de discuter. J’aime converser. Mais, si les discussions vont bon train, elles arrivent toujours à un point où je me fais dire par eux : « arrête de vouloir tout mettre dans des boîtes et de tout étiqueter » ! Et ce n’est pas faux !
J’ai besoin de classer les choses pour les comprendre. Mais, les classer dans mon classeur de presque 50 ans. Un classeur que j’ai commencé, il y a très longtemps, avec mes expériences, mes hauts et mes bas, mes amours et mes peines, mes succès et mes pires échecs. Alors, il se pourrait que mon regard sur la vie et sur leurs vies à eux, mes fils, je la vois au travers tout ce que je suis et tout ce que j’ai vécu.
Vous dire combien j’ai eu des reproches de leur part ! Mais que voulez-vous, si je regarde mes garçons « aimer », j’analyse leurs comportements au travers mes yeux. Ces yeux qui ont vu l’amour entre 1969 et 2018. Je réagis avec ce que je suis. Pas de faute pour le moment non ? Eh bien ! Pas dans leurs bouches. Combien de fois j’ai entendu : « Papa…arrête de vouloir tout nommer, on n’est pas dans cette génération-là ! Arrive !!! »
Bon ! Que dois-je comprendre ? Quand ça fait mille fois que je les entends s’exaspérer, encore et encore, sur mes questions qui cherchent constamment à classer, à comprendre ce qu’ils sont, à étiqueter leurs comportements avec mes mots, que je crois plutôt intelligents. Puis, un soir, où un de mes gars, plus calme ce soir-là, que je ne nommerai pas parce qu’il est mon seul deuxième, m’expliqua clairement que mes mots, aussi sages qu’ils pouvaient sembler, les empêchaient de chercher les leurs. Et que, pour les chercher, il devait avoir l’impression d’avoir raison et d’avoir compris quelquefois. Et non pas se faire dire constamment que ce n’est pas ça et qu’ils comprendront un jour… Ce que je faisais. Ouch !
Vous me suivez ? Vous me comprenez ? C’est exaspérant à la longue de ne jamais pouvoir utiliser son expérience dans les discussions familiales avec des garçons qui veulent prendre possession de leurs vies. C’est irritant et frustrant de sentir que mon expérience est déjà désuète selon eux. Et pourtant, c’est l’expérience et l’expérience encore qui donne l’ouverture d’esprit. Ils n’ont juste pas compris « encore » que lorsque je nomme, j’offre aussi un second regard ou un autre angle. Je ne veux pas les limiter dans leurs recherches. Cependant, j’entends aussi qu’il y a un âge et un temps de vie pour chaque chose.
Lorsque le tout petit enfant de 4 ans vous dit : « je suis capable tout seul ». Faut le croire ! Même si en l’observant, on réalise vite qu’il prend beaucoup trop de temps pour faire quelque chose de si simple. Mais comment apprendra-t-il, si à chaque fois on dit : « regarde, je vais le faire à ta place encore » ? Ben non ! Il faut se taire et attendre. Si l’enfant pogne les nerfs ou demande de l’aide, et seulement à ce moment-là, nos conseils seront beaucoup plus pertinents.
Je ne savais pas que ça continuerait toute la vie de mes enfants. Tant et aussi longtemps que je les regarderai, ils me diront : « chu capable tout seul »! C’est un sort que je dois accepter.
Difficile, dites-vous ? Je sais que je peux leur apporter. Toutefois, j’ai compris, avec un peu de peine, je ne vous le cache pas, que ce que j’apporte doit suivre une demande. J’aurai toujours l’air d’imposer ce que je sais à leurs yeux. Donc, je dois faire attention dans les discussions de ne pas trop m’emporter et de laisser l’impression que « MOI je sais ». Parce que oui, lorsque je discute, je donne l’impression que « MOI je sais ». C’est un jeu « discuter ». C’est ça que je devrais leur apprendre… euh non… leur dire… que c’est juste un jeu « discuter, poser des questions, commenter », que ce n’est pas un jugement d’un gars de cinquante ans qui veut absolument tout mettre en boîte... !
C’est ça ! Une chance que vous êtes là pour discuter chers lecteurs ! Merci. Ça m’aide de jaser avec vous !
Allez ! Je continue ma quête paternelle …