Apprentissage de la propreté : tous les signes y sont… mais ça «bug»!

Apprentissage de la propreté : tous les signes y sont… mais ça «bug»!

Bonjour,Ma fille présente tous les signes physiques pour être prête à la propreté : elle dit quand elle fait pipi ou caca, se cache dans un coin ou dans la salle de bain et veut être seule lorsqu'elle fait caca dans sa couche, demande à être changée dès qu'elle fait pipi ou caca, est en grande phase d'autonomie depuis longtemps déjà (s'habille seule, met ses souliers seule, participe aux tâches, etc.), elle m'accompagne toujours aux toilettes quand je dois y aller, elle veut voir ses couches quand je la change, etc.J'ai tenté de la mettre propre il y a environ 1 mois. Je lui ai acheté des bobettes avec des personnages qu'elle aime (Frozen, Mignons...) et elle est super enthousiaste à les mettre.Le problème : elle devient excessivement angoissée lorsque ça se met à couler. Elle se retient  et dit "¨Ca veut pas couler" à répétition, suivi de « Je ne veux pas ! ». Elle peut se retenir ainsi pendant des heures. Quand je la mets sur le pot/la toilette, elle gigote mais se retient. Quand elle n'est juste plus capable, elle demande une couche et fait tout dedans. Ou, si je la laisse en sous-vêtements et qu'elle fait pipi dedans, ce sera la crise. Comme si c'était très grave. Pourtant, jamais je ne l'ai réprimandée lors d'un pipi par terre. Je tente de l'encourager. J'ai essayé le tableau de collants, la boîte à surprise. Elle ne veut pas.Je n'ai pas trouvé d'articles sur ce volet (le fait d'être angoissée sur le pot ou la toilette) et serais intéressée à savoir comment l'aider... Ma fille a 2 ans 1/2, a le physique d'une enfant de 4 ans, est excessivement développée côté moteur, verbal. Quand je lui demande pourquoi elle ne veut pas faire sur la toilette ou le pot elle dit qu'elle est gênée. Je lui ai demandée si elle préfère que je sorte, et non.J'ai laissé faire parce que là elle se mettait à pleurer sur la toilette quand je lui demandais d'y aller. Je ne veux pas la traumatiser davantage.Toute aide sera la bienvenue.Tina


Bonjour Tina,Tout d’abord, je tiens à souligner votre initiative quant à votre demande d’aide aux intervenants du Réseau Nanny Secours, car, nous le savons bien, avouer nos difficultés n’est pas toujours une chose facile, alors c’est tout à votre honneur!  De plus, chaque enfant évolue  à son propre rythme, selon ses caractéristiques individuelles, son tempérament, sa personnalité, ainsi que son environnement social et c’est pourquoi je tenterai de vous outiller au mieux de mes connaissances, et ce, avec les renseignements mis à ma disposition.Entrons maintenant dans le vif du sujet.  Nous voici donc face à une cocotte autonome qui, haute de ses 2 ½ ans, démontre de nombreux signes précurseurs à l’apprentissage de la propreté.  En fait, elle vous accompagne à la salle de bains, demande à voir ses couches souillées, verbalise lorsqu’elle fait «pipi» et «caca».  De plus vous dites qu’elle est très développée niveau moteur, ce qui me porte à croire qu’elle marche de manière assurée et stable, autre précurseur physique à l’apprentissage de la propreté.  Malgré tout, votre fille semble être réticente à aller sur le petit pot, allant même jusqu’à se retenir et faire des crises lors de l’évacuation.À la lecture de ces informations, je serais tentée de mettre en évidence le fait que votre fille se trouve en pleine phase d’affirmation de soi, mieux connue sous l’expression anglophone du «Terrible two».  Cette phase est caractérisée par un besoin d’affirmation de soi et de contrôle de la part de l’enfant.  En fait, votre fille commence à prendre conscience qu’elle est une personne entière bien distincte de sa figure d’attachement, vous en l’occurrence.  Elle ressent le besoin de faire les choses par elle-même, de démontrer qu’elle est capable!  Toutefois, bien que votre cocotte, déjà bien autonome, désire explorer son environnement comme une grande, elle a encore le besoin d’être rassurée et accompagnée à travers ce chamboulement d’émotions qui se fait ressentir dans son petit corps, chose que, j’en suis persuadée, vous faites à merveille!En ce qui a trait à la période d’apprentissage de la propreté, qui se situe normalement  entre l’âge de 2 et 4 ans et pouvant s’échelonner sur une période de 3 à 6 mois environ.  Il s’agit d’une étape importante du développement psychologique de l’enfant, puisque ce dernier a désormais conscience qu’il peut maîtriser ses «sphincters», c’est-à-dire les organes responsables de l’évacuation des déchets corporels, et ainsi, obtenir un très grand contrôle sur son existence!  En tant qu’adultes, nous savons très bien que toute responsabilité peut engendrer un sentiment de stress ou d’anxiété, spécialement chez les enfants en bas âge qui doivent composer avec de multiples modifications physiques et psychologiques à la fois, mais aussi avec de nombreux chamboulements émotifs et psychoaffectifs.C’est pourquoi je suggère d’être tout simplement à l’écoute de votre petite, de respecter ses besoins, de continuer à l’encourager et à l’accompagner dans son développement, puisque l’apprentissage de la propreté, sujet principal de votre interrogation, est un processus qui s’acquiert de façon innée, c’est-à-dire que tous les enfants deviennent propres (sauf bien sûr exception faite de troubles neurologiques distincts ou bien de déficience intellectuelle/physique) et ne peut s’enclencher que lorsque ce petit bout de chou le décide, et ce, malgré l’apparition des signes précurseurs mentionnés plus haut!  Rassurez-vous maman Tina, votre cocotte semble être sur la bonne piste pour l’apprentissage de la propreté.En ce qui concerne votre inquiétude quant à son angoisse lors de l’évacuation, et bien je crois tout simplement qu’elle n’est peut-être pas encore totalement prête à faire connaissance avec le petit pot, surtout si elle a tendance à se retenir et attendre que vous lui mettiez une couche pour évacuer, puisque vous l’avez mentionné dans votre texte, elle ne veut pas…  Je vous conseille donc, pour le moment de lâcher prise et de laisser les choses aller à leur rythme, car rien ne presse, surtout qu’un apprentissage de la propreté débuté trop tôt ou effectué de manière à engendrer un stress chez l’enfant peut créer l’effet contraire, soit une appréhension de la propreté, ou bien une constipation due au fait que l’enfant refuse d’évacuer.  Vous pourriez réessayer dans 1 mois ou 2.Voici toutefois quelques pistes d’intervention qui sauront vous outiller et vous permettre d’aider votre fille du mieux possible si vous décidez de poursuivre l’apprentissage de la propreté :
  1. Gérer l’angoisse

Si vous décidez de poursuivre l’apprentissage de la propreté, vous pourriez essayer de détendre l’atmosphère lorsqu’elle se trouve sur le petit pot :
  • Offrez-lui son livre préféré et permettez-lui de le feuilleter! Vous pouvez même lire l’histoire avec elle, le tout afin de rendre la situation plus joviale et amusante.

  • Inventez une petite comptine que vous chanterez avec elle sur le petit pot. La musique est une excellente façon de diminuer l’anxiété chez les enfants.

  • Vous pouvez aussi lui permettre d’apporter son toutou ou sa poupée préférée, ce qui l’aidera sans doute à être moins anxieuse lors de l’évacuation.

  • Ouvrez le robinet, parfois, le bruit de l’eau qui coule permet de se changer les idées et d’aider l’enfant à relâcher ses sphincters.

  • Profitez du fait que votre petite soit très développée côté verbal et incitez-là à vous verbaliser ses craintes, ses peurs. En plus de lui donner l’opportunité de s’affirmer, vous l’aidez à extérioriser ses angoisses, ce qui, petit à petit, lui permettra de banaliser la situation et de voir la propreté comme quelque chose de positif!

  1. Choisir un pot qui convient

  • Certains pédiatres recommandent de débuter l’apprentissage de la propreté sur un petit pot stable au sol et non sur la toilette des «grands». Cela procure une plus grande sécurité chez les tout-petits, puisque leurs pieds sont bien fixes au sol et leur procurent donc un meilleur appui et contrôle de l’environnement. Il est également préférable de le laisser dans la salle de bains, car placé ailleurs dans la maison, il pourrait être considéré tel un nouveau jeu.  Mais à vous de voir!

  • Accompagnez votre fille au petit pot une fois par heure environ, dites-lui c’est dans le pot le «pipi» ou bien c’est dans le pot le «caca», faites des simulations, soit retirer sa couche et l’asseoir sur le pot. Toutefois, si elle verbalise ne pas vouloir rester plus longtemps sur le pot, ou qu’elle manifeste un inconfort quelconque, et bien dites-lui tout simplement «J’entends et comprends ton inconfort,  nous y reviendrons plus tard» ou encore «C’est ton choix de refuser de rester sur le pot, nous allons réessayer à un autre moment».

  1. Les couches

  • Si vous constatez que votre fille réagit fortement lorsque l’urine lui coule sur les jambes, vous pouvez débuter l’apprentissage de la propreté en lui permettant de conserver ses couches. Montrez-lui tout simplement comment la retirer. De cette façon, elle pourra aller d’elle-même sur le petit pot, sans ressentir l’angoisse de l’urine sur ses jambes lorsqu’elle «s’échappe».  Petit à petit, vous pouvez essayer d’intégrer les culottes de coton ou bien les culottes d’entraînement lorsque votre cocotte sera plus à l’aise.

  1. Consultation chez le pédiatre

  • Puisque vous avez mentionné que votre fille semble se retenir longtemps avant d’évacuer, je vous conseille de prendre rendez-vous avec son pédiatre pour vous assurer qu’il ne s’agit pas d’une petite infection urinaire. En fait, la douleur occasionnée pourrait être la cause de sa rétention!

Alors maman Tina, j’espère que ces conseils vous permettront d’aider votre cocotte du mieux possible, et surtout n’oubliez pas que les enfants apprennent par le jeu, donc, créez une ambiance ludique et amusante pour motiver positivement votre enfant à l’apprentissage de la propreté et cessez de vous mettre de la pression sur les épaules, tout arrivera en temps et lieux!

Tableaux de renforcement positif pour accompagner votre enfant dans son apprentissage à la propreté

Cynthia Cusson

Éducatrice spécialisée - Membre du Réseau Nanny secours 2016-2017. BESOIN D'UNE CONSULTATION?

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