Avez-vous un petit singe ou un koala qui s’accroche à votre jambe dès qu’il y a un autre enfant, des étrangers ou même lorsque vous arrivez à la garderie ou à l’école ? Les gens de votre entourage ou votre famille commencent-ils à vous mentionner que vous l’avez trop couvé, qu’il devrait apprendre à socialiser et à arrêter de faire des chichis ?
Dans un premier temps, j’aimerais vous rassurer et par la suite, vous donner des arguments et des pistes de solutions à mettre en place dans votre quotidien avec votre petit trésor !
Tout d’abord, regardons ensemble de plus près le développement socio-affectif de l’enfant âgé entre 1 et 2 ans. Il est bon de savoir que, dans cette période,
l’enfant aime se retrouver parmi les autres enfants mais a généralement peu d’intérêt à entrer en relation avec eux. Ceci dit, il est tout de même en mesure d’exprimer ses besoins et ses frustrations à l’adulte de référence, à savoir celui qui lui apporte les soins de base et avec qui il a un lien d’attachement significatif. Donc, lorsque vous allez jouer au parc avec votre enfant ou lorsqu’il va dans un milieu de garde,
il jouera davantage en parallèle, c’est-à-dire dans son petit monde imaginaire avec ses jouets sans porter une attention particulière aux autres enfants. Toutefois, il sera en observation, ce qui lui permettra de faire les connexions neuronales nécessaires à une éventuelle relation avec ses pairs. De ces connexions, il en fera des milliards chaque jour et ce, jusqu’à l’âge d’environ 6 ans, pour ensuite faire divers apprentissages qui lui serviront tout au long de sa vie.
Lors des six premières années de sa vie, l’être humain possède un mécanisme cérébral que l’on pourrait dire
absorbant, le dotant du pouvoir d’incarner l’environnement sans effort, en réalisant, pour chaque expérience vécue,
un nombre impressionnant de connexions neuronales. Et, parmi les centaines de connexions qu’il crée chaque seconde, le cerveau ne conserve que les connexions les plus fréquemment utilisées. C'est ce que l'on appelle l'
élagage synaptique. C'est ainsi que l'être humain apprend et se spécialise.
Comme parent, je vous suggère d’être attentif aux signes non verbaux de votre enfant.
Laissez-lui une période d’adaptation pour explorer et observer. Il se peut fort bien qu’il tente plus d’une fois avant de se lancer vers de nouveaux enfants. Chaque enfant est unique et se développe à son propre rythme. Avec votre cerveau d’adulte, vous feriez sûrement différemment car vous avez appris de vos propres expériences et par la répétition des activités. Vous savez donc approximativement ce qui va se produire lorsque vous exécutez telle ou telle action.
Toutefois, votre enfant ne les a pas encore vécues ou validées, il doit donc explorer et créer des expériences et en faire une consolidation afin de pouvoir les répéter. Je sais que cela demande de la patience, du temps et beaucoup d’amour! Je crois sincèrement que le mot d’ordre à retenir de la petite enfance est la répétition.
Généralement, c’est à l’âge de 3 à 5 ans que l’enfant commence à expérimenter les jeux en dyade; il peut ainsi entrer en relation avec les autres enfants. Cependant,
certains enfants ont besoin d’un temps d’adaptation et d’observation plus grand afin de voir si le jeu ou le type d’enfant lui convient. Prenons un exemple tout simple: vous débutez un nouveau travail dans un nouvel endroit. Allez-vous d’emblée faire le clown et saluer tout le monde, parler fort et faire la danse du bonheur ? Vous allez fort possiblement prendre un petit moment pour observer, voir quelles sont les personnalités avec qui vous pourriez le mieux vous entendre, ce qui est tout à fait normal ! Alors pourquoi cela serait différent pour l’enfant qui arrive au parc ou dans un nouvel environnement ? L’enfant qui s’accroche à votre jambe ou reste dans vos bras se trouve dans un espace sécuritaire, connu et rassurant.
Offrez-lui la possibilité de se détacher peu à peu et ainsi, prendre confiance et avoir des points de repère pour les prochaines fois.
Voici des pistes de solutions:
- Faites des mises en situation avec votre enfant en utilisant ses peluches, ses figurines
- Soyez à l’écoute et patient, suivez le rythme de votre enfant
- Créez, provoquez diverses situations afin de le mettre dans différents contextes où il pourra observer, découvrir et expérimenter à son rythme, sans aucune pression et en toute sécurité
- Dites aux gens qui vous entourent: « Il ira lorsqu’il sera prêt, il prend le temps d’observer et de se faire des points de repère sécurisants »
- Offrez-lui des occasions de se pratiquer sans pression, menace ou promesse de récompense lorsqu’il réussit à aller vers un autre enfant
- Souvenez-vous que votre enfant est différent de vous (je sais, ce n’est pas toujours facile !)
- Rappelez-vous comment vous étiez lorsque vous étiez enfant Demandez-vous ce que ce comportement évoque en vous. Pourquoi ? Vous sentez-vous dépourvu dans votre rôle parental ?
- Avec votre enfant, inventez des histoires sur un thème. Exemple: l’entrée à la garderie, parler à un nouvel ami, etc. Vous pouvez utiliser le jeu Les cartes créatives
- Lisez des histoires qui parle de ce sujet
En terminant,
votre enfant a besoin, tout comme vous, d’être en confiance et en sécurité pour se lancer à la découverte du monde qui l’entoure. Pour ce faire, il aura besoin de se pratiquer, de vivre plusieurs expériences positives et négatives afin d’en retirer des apprentissages bénéfiques.
Il est intéressant de retenir qu’avant l’âge de 2 ans, la socialisation n’est pas obligatoire. Votre enfant ne deviendra pas «sauvage» s’il entre peu en relation avec d’autres enfants. Le simple fait de lui faire découvrir le monde en toute sécurité lui permet de vivre des expériences positives et sécuritaires qui l’amèneront éventuellement à vouloir en vivre de nouvelles par lui-même. Comme j’aime bien le dire aux familles que j’accompagne: «
Faites confiance à votre petite voix intérieure ! ».