Pourquoi et comment aider son corps à composer avec la douleur?
Quand le ventre s’arrondit pour la première fois, la femme porteuse de vie et d’espoir, passe inévitablement par une période de réflexion au sujet de la douleur de l’accouchement. Selon sa propre expérience de la douleur et les différents messages transmis par son entourage, elle tente de se faire une idée de ce que représente cette douleur et de la façon dont elle composera avec celle-ci. Quant à celles qui ont vécu une expérience difficile lors d’accouchements précédents, la naissance représente souvent un mauvais moment à passer pour avoir cet enfant tant désiré. Pour toutes ces femmes, il est très important de savoir que notre corps a tout prévu pour répondre aux différents besoins de la mère et du bébé, pour peu qu’on le laisse travailler librement, sans entraver ses fonctions. Ainsi, pour favoriser le bon déroulement de l’accouchement, il est essentiel que la femme soit dans un environnement chaleureux et intime, exempt de toute stimulation de notre cerveau rationnel, le néo-cortex. Ce dernier, pourtant très précieux pour l’évolution de la race, vient compliquer le processus de la naissance en inhibant les comportements qui sont socialement inacceptables (crier, souffler bruyamment, pleurer, etc.) et en érigeant des barrières mentales telles que le contrôle, la peur et le jugement. Puisque l’accouchement nécessite de la femme, un abandon total de ses résistances, on a tout intérêt à mettre en veilleuse le néo-cortex. De plus, un environnement intime favorisera la production des hormones essentielles à l’accouchement qui sont pour la plupart, les mêmes que nous sécrétons lors des relations sexuelles ou même d’un souper entre amis, ce qui leur vaut d’ailleurs l’appellation « d’hormones de l’amour ». C’est donc dire qu’accoucher naturellement dans une salle froide, éclairée par des néons, sous le regard de personnes étrangères est aussi difficile que d’avoir un orgasme dans les mêmes conditions ! Parmi les hormones impliquées lors de l’accouchement, on retrouve l’ocytocine, les endorphines, l’adrénaline et la prolactine. La première, l’ocytocine, induit les contractions utérines. En augmentant graduellement sa production, elle allonge la durée des contractions et réduit l’intervalle entre chacune, rendant le travail de plus en plus efficace. L’augmentation graduelle de la douleur permet aux endorphines (une « morphine » naturelle de la famille des opiacés) d’atteindre un niveau inégalé, maintenant la douleur a un niveau supportable. Un autre effet bénéfique de la production d’endorphines : elles rendent l’esprit confus, de la même façon que lors des relations sexuelles. Le néo-cortex ainsi mis hors circuit laisse le gouvernail à notre cerveau primitif, celui qui sait s’accoupler et qui sait accoucher. De plus, « les propriétés qu’ont les opiacés d’induire des états de dépendance sont bien connues. Il est donc possible d’entrevoir comment le début d’une dépendance – d’un attachement – peut s’établir »1, la mère et l’enfant sécrétant des endorphines chaque fois qu’ils se retrouvent dans un échange affectif. On peut dès lors mieux comprendre la mère qui ne pense qu’à son bébé lorsqu’elle le fait garder : elle se retrouve littéralement en état de sevrage ! Cependant, les substituts synthétiques de l’ocytocine (syntocinon ou pitocin) fréquemment utilisés pour déclencher l’accouchement ou pour stimuler les contractions utérines lors d’un travail lent, en plus d’augmenter les risques de détresse fœtale, perturbent le fragile équilibre entre les différentes hormones impliquées. Il devient alors très difficile pour les endorphines d’atteindre un niveau suffisant pour supporter la douleur des contractions ainsi provoquées, entraînant du même coup une augmentation de l’utilisation des analgésiques et de la péridurale. Cette dernière, en plus de perturber directement la production des « hormones de l’amour » présente des effets secondaires importants durant l’accouchement dont l’augmentation de la détresse fœtale, l’augmentation du recours aux forceps et à la ventouse ainsi que l’augmentation du taux de césariennes. Sans compter les effets secondaires postnatals… La troisième hormone qu’on retrouve en grande quantité lors de l’accouchement est l’adrénaline. Sécrétée durant la phase de la dilatation du col, elle ralentit ou peut même arrêter la production d’ocytocine et d’endorphines. À l’origine, ce mécanisme d’inhibition du travail a été prévu par la nature pour permettre la fuite en cas de danger. Puisque tous les stress et tensions produisent de l’adrénaline (à différents degrés), ils ralentissent le travail et le rendent plus douloureux, entraînant du même coup une augmentation des interventions médicales telles que l’utilisation d’ocytociques synthétiques et la péridurale qui peuvent à leur tour induire certaines complications. D’où l’importance d’une bonne préparation prénatale et d’un environnement chaleureux... Cependant, lorsque la dilatation est complète, et particulièrement lorsque la femme se trouve dans un environnement intime, libre de ses mouvements et sans aucune contrainte, on note une poussée d’adrénaline importante. Cette hausse subite apporte un regain d’énergie à la mère, l’incitant à prendre une position plus verticale et à s’agripper. De l’état somnolent et confus dans lequel elle était plongée jusque-là, elle se trouve tout à coup alerte et active. Quant à l’enfant à naître, il bénéficie lui aussi de cette hormone : « une décharge de noradrénaline lui permet de s’adapter à la privation physiologique d’oxygène qui caractérise la phase finale de l’accouchement. L’effet le plus visible de cet état hormonal est que lorsque l’accouchement est perturbé le moins possible, le bébé naît avec de grands yeux et de grandes pupilles. Les mères humaines sont fascinées par le regard de leur nouveau-né. (…) Le croisement des regards est une étape importante du début de la relation mère-bébé. »1 La quatrième hormone quant à elle, entre en jeu durant la période postnatale : la prolactine, hormone de l’allaitement. Injectée chez des souris, même impubères, elle induit l’instinct de nidification. Elle est donc reconnue comme l’hormone du maternage et canalise vers les nouveau-nés, l’état d’amour induit par l’ocytocine et les endorphines (toujours secrétées durant la période postnatale).1 Hormone de la patience, championne de la relaxation, elle ralentit le rythme de la maman, l’empêchant de s’activer afin qu’elle ait tout le loisir de regarder et câliner son nouveau-né… Quand on sait que les niveaux d’hormones de l’amour atteignent un sommet inégalé lors d’un accouchement naturel, on comprend facilement que durant les heures suivant la naissance, une mère et son nouveau-né se trouvent dans un état de béatitude favorisant de façon indéniable l’attachement, à condition qu’ils puissent se toucher et se regarder à satiété. Évidemment, nous savons tous que, chez l’humain, ce n’est pas la seule façon d’établir ce lien, mais c’est assurément la plus rapide et la plus efficace ! Alors pour votre plus grand « bien-naître » et celui de votre enfant, préparez-vous, tentez l’expérience ! Offrez-vous le cadeau d’un départ des plus… amoureux ! Quelques suggestions à explorer avant d’opter pour une méthode médicale de soulagement de la douleur :Pendant la grossesse
Pendant l’accouchement
Bonne naissance !
Membre du Réseau Nanny secours depuis 2013.
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