Vivre un deuil de l’accouchement parfait

Vivre un deuil de l’accouchement parfait
Nous le savons, un accouchement peut être rempli d’imprévu. Toutefois, vous pouvez être surprise de repenser à celui avec tant de regrets, de culpabilité ou avec ce sentiment d’inaccomplissement. Comme vous, plusieurs femmes vivent un deuil de l’accouchement qu’elle aurait aimé plus « parfait ». Plusieurs mamans planifient du mieux qu’elles peuvent leur accouchement. Elles se préparent par les cours prénataux, les lectures, les discussions entre amies, etc.  À partir de toutes les sources d’informations que vous avez autour de vous, vous avez très certainement vous aussi une idée de la façon dont vous souhaitiez que se passe votre accouchement. Vous bâtissez ces désirs bien souvent sur vos recherches, mais aussi sur des idées préconçues, des valeurs et aussi les courants de pensée. Parfois, faire partie du courant est tout simplement rassurant. Pourquoi un tel deuil ? Un accouchement, même celui le mieux préparé du monde, n’apporte aucune garantie de la façon dont il se déroulera. Même si vous pouvez influencer certains aspects (ambiance, relaxation, accompagnant rassurant, etc.), il reste que c’est la nature qui aura le dernier mot. Bébé peut décider qu’il se pointe avant que vous ne soyez prête, il peut arriver plus tard, des complications peuvent vous amener en césarienne d’urgence, la douleur peut être moins supportable que ce que vous aviez imaginé, papa peut être absent, bébé peut s’avérer être une fille alors que vous aviez croisé fort vos doigts pour avoir un garçon. Voilà nombre de situations sur lesquelles vous aviez pu vous former des désirs conscients ou semi-conscients. En fait, le deuil de l’accouchement parfait apparaîtra lorsqu’une image idéalisée est confrontée à une réalité qui est toute autre. Vous êtes déçue et cela se comprend. Pourquoi tant de déception? Il est difficile de gérer les émotions qui viennent avec la déception de vos attentes brisées, même si vous comprenez que l’accouchement n’était pas sous votre complet contrôle,.  Vous pouvez vivre de la tristesse, de la colère, de la culpabilité, une impression de ne pas être performante, de ne pas avoir été assez persévérante, vous sentir une mauvaise mère, de vivre un échec, etc. Sommes-nous trop habituées à avoir le contrôle sur tous les aspects de notre vie et à accorder une trop grande importance à nos performances? Cela fait partie des hypothèses pour lesquelles plusieurs femmes vivent un deuil de l’accouchement parfait. En faisant des heures supplémentaires au travail, vous avez obtenu votre promotion. En étudiant davantage, vous vous êtes classée dans les meilleures du groupe. En suivant un cours avancé en photographie, vous avez amélioré vos techniques et cela peut vous faire sentir une femme plus accomplie. Voilà des lieux où nous avons un pouvoir d’action. Mais l’accouchement, doit-il être un lieu de performance? Si oui, il risque d’amener avec lui un sentiment d’échec et déception comme si cela ne dépendait que de vous. Ce qui n’est pourtant pas le cas. Il n’existe en fait aucun accouchement parfait. Tous les accouchements ont une voie différente et se vivent dans des conditions différentes pour chaque femme. Par exemple, des contractions qui commencent en soirée et empêchent une bonne nuit de sommeil amèneront une tolérance différente à la douleur. Le corps étant moins reposé, il est évident que vous ayez plus de chance d’avoir besoin d’une épidurale si votre énergie n’est pas au rendez-vous. Alors, enviez votre amie qui elle, n’a pas eu d’épidural (mais qui a commencé ses contractions après une bonne nuit de sommeil), risque de vous faire sentir moins endurante si vous accordiez au départ, une importance à l’accouchement sans épidural. Durant l’accouchement, il vous faut répondre à vos besoins du moment. Vous n’êtes pas là pour répondre aux exigences des autres, mais pour mettre votre enfant au monde dans les meilleures conditions possible. Ne pas écouter vos besoins intérieurs peut au contraire, amener un accouchement, des relevailles plus difficiles ou une dépression postnatale. Vos besoins planifiés avant l’accouchement peuvent changer complètement durant celui-ci et cela est tout à fait normal et acceptable. Les lieux de deuils ? Vous pouvez ressentir des insatisfactions et une impression de devoir faire le deuil des situations suivantes :
  • Le départ du travail (moment du début des contractions, de la perte des eaux, le nombre de semaines de grossesse, etc.)
  • De la planification du travail (induction, césarienne planifiée, choix du lieu de naissance, AVAC impossible, etc.)
  • Du déroulement du travail (complications, césarienne d’urgence, durée du travail, utilisation de l’épidurale, etc.)
  • De l’expulsion du bébé (déchirure, utilisation de forceps, avoir le bébé sur soi, de vous être endormie une fois bébé né, etc.)
  • Du type d’accompagnement (présence du père ou d’une personne de confiance)
  • Du sexe ou de l’apparence du bébé
  • De ne pas avoir senti l’amour inconditionnel à la seconde où vous avez vu votre enfant.
  • De l’allaitement qui ne fonctionne pas comme prévu.
  • Etc.
Comment passer outre ce deuil ?
  • Informez-vous avant l’accouchement de tous les risques et étapes. Cela amène une meilleure idée de ce qui peut se passer durant celui-ci, tout en permettant de demeurer réaliste.
  • Acceptez que l’accouchement ne se contrôle pas. Il s’influence, mais la nature a le dernier mot!
  • Acceptez que vous ne soyez pas responsable de son déroulement.
  • Rappelez-vous qu’un plan de naissance n’est pas un contrat immuable, mais bien un guide pour informer de vos désirs dans la mesure où ils sont possibles.
  • Rappelez-vous que l’accouchement n’est pas une performance, c’est un moment unique.
  • Comprendre que ma réalité n’est pas celle des autres et que cela influence l’accouchement. Par exemple, la durée de l’accouchement, les conditions de santé, le soutien durant celui-ci, le nombre d’enfants, etc.
  • Évitez l’isolement. Vous n’êtes pas la seule à vous sentir ainsi. Lorsqu’on se sent inadéquate, nous avons seulement moins tendance à en discuter par peur d’être jugée. Cependant, cela vous fera du bien.
  • Regardez les bons côtés. Par exemple, grâce à la césarienne vous et votre enfant êtes vivants.
  • Cessez d’utiliser des termes comme « réussir son accouchement » ou « réussir sans épidural ». Ce type de discours amène l’idée que vous pouvez échouer et c’est ce que nous voulons éviter si les femmes ne veulent pas que l’accouchement soit une compétition. Vous « réussissez » toutes à accoucher, peu importe la façon dont vous accoucherez. Vous ne reviendrez pas enceinte à la maison!
  • Acceptez qu’un deuil demande du temps.
  • Rappelez-vous que peu importe la façon dont s’est déroulé votre accouchement, cela n’a aucun lien avec la bonne mère que vous pouvez être.
  • Allez chercher de l’aide si le deuil se prolonge ou s’il occupe vos pensées à un point que cela mine votre humeur quotidienne, vous empêche de fonctionner, vous déprime trop ou si vous ressentez des symptômes de dépression.
Véronique Boisvert, Sexologue clinicienne et accompagnante périnatale
Véronique Boisvert, Sexologue clinicienne et accompagnante périnatale
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