Bonjour,
Je suis la maman d’une petite fille de 3 ans et d’un petit garçon d’un an. Depuis le mois de septembre dernier, ma petite de 3 ans éprouve de manière cyclique des difficultés à la garderie (80 enfants). Elle ne veut pas aller à la garderie le matin et le soir avant de se coucher, elle me demande si elle doit retourner à la garderie le lendemain. Il faut dire qu’il y a eu plusieurs changements à la garderie depuis le mois de septembre dernier… (changement de locaux, changement d’éducatrice à 2 ou 3 reprises…). Ces difficultés se manifestent principalement par de l’agressivité dirigée vers ses amis de la garderie (pince, mord à l’occasion et n’écoute pas les consignes des éducatrices). Elle n’a aucun problème à s’exprimer verbalement (elle fait facilement des phrases complètes et elle a un répertoire de mot très varié).
J’ai déjà rencontré la coordonnatrice de la garderie au mois d’octobre dernier afin de mettre en place un plan d’action pour aider ma petite fille, mais celui-ci n’a jamais été en fonction et ses comportements agressifs se sont arrêtés. Depuis le mois d’octobre dernier, ses comportements agressifs sont survenus à quelques reprises, mais quelques jours plus tard, les éducatrices me disaient que tout allait bien. Depuis maintenant deux semaines, les comportements stipulés précédemment sont revenus. Le groupe de ma petite fille a une nouvelle éducatrice depuis maintenant 1 mois (les deux éducatrices précédentes n’ont pas tenu le coup)!
La nouvelle éducatrice a peu d’expérience et elle est désemparée face aux comportements de ma fille. Elle est très ouverte à élaborer un plan d’action… Toutefois, elle ne semble pas être outillée pour faire face à ce type de comportement. De plus, quelques enfants qui sont dans le groupe de ma petite fille semblent aussi nécessiter des attentions particulières au niveau comportemental (coup de poing, morsures, pince, n’écoutent pas les consignes).
Depuis le mois de septembre dernier, j’ai mentionné à plusieurs reprises qu’il pourrait être judicieux de la part du service de garde de diviser les enfants dans des groupes différents pour ainsi être en mesure d’intervenir plus facilement avec les enfants qui nécessitent davantage de soutien. Cela permettrait peut-être de diminuer la tension qui est actuellement dans le groupe?
Dans le contexte familial, il n’y a pas eu de changement mis à part la naissance de son petit frère qui a maintenant un an. Elle manifeste très peu de comportements agressifs à la maison. Il est ainsi difficile de donner des pistes de solution à l’éducatrice!
Je me sens réellement impuissante dans la situation, puisque les problèmes semblent survenir principalement à la garderie. Je me demande si le groupe d’enfants avec lequel elle évolue ne serait pas l’origine de ses mauvais comportements? Je me demande si elle aurait les mêmes comportements si elle était avec un groupe d’enfants plus vieux?
J’ai essayé de convaincre la coordonnatrice du service de garde de changer ma fille de groupe à plusieurs reprises, afin qu’elle soit avec les plus vieux, mais sans succès.
Je ne sais pas quoi faire et je suis surtout très inquiète en lien avec le développement social et affectif de ma petite fille !!!
Merci de répondre à mes inquiétudes ainsi qu’à mes nombreuses questions
Isabelle
Bonjour Isabelle,
Merci de faire appel au service de Nanny Secours… La situation que vous décrivez est un peu délicate puisqu’elle ne vous implique pas directement, car les comportements de votre petite fille surviennent au service de garde. Par contre, dans votre message, on peut y lire toute l’ouverture et la collaboration que vous manifestées envers le personnel et la direction du service de garde que fréquente votre enfant afin que ses comportements dits agressifs s’estompent, voire même disparaissent.
Dans votre message je retiens deux choses essentielles sur lesquelles il serait bon de s’y attarder un peu.
Premièrement, vous mentionnez que le groupe de votre enfant a connu trois nouvelles éducatrices dans l’année, dont deux qui ont quitté, car, dites-vous, elles n’ont pas tenu le coup. Depuis peu, c’est une nouvelle et jeune éducatrice avec peu d’expérience professionnelle, mais qui se montre ouverte et disponible. De plus, il y a eu un changement de local pour le groupe. Ouf! Beaucoup d’adaptation pour des enfants si jeunes!!! Nous examinerons l’importance de la stabilité…
Deuxièmement, vous mentionnez que les comportements agressifs de votre fillette se présentent de façon cyclique. Ils apparaissent et disparaissent et puis reviennent… Nous poserons un regard sur l’enfant de 3 ans au niveau social.
Quand relations saines et harmonieuses riment avec STABILITÉ :
On ne le dira jamais assez : La stabilité du personnel éducateur auprès des enfants est d’une importance cruciale. Elle permet, entre autres, de tisser des liens importants avec chaque enfant et elle favorise ainsi la relation d’attachement. Le jeune enfant (particulièrement les 0-3 ans) a besoin d’un adulte bienveillant auprès de lui qui sait répondre adéquatement à ses besoins tant au service de garde qu’à la maison. Lorsque l’adulte répond aux signaux du jeune enfant de façon aimante, positive, constante et cohérente (surtout les signaux de « détresse » par exemple des pleurs), celui-ci apprend qu’en exprimant ses besoins on s’occupera adéquatement de lui. Il développe ainsi un sentiment de sécurité auprès de cet adulte, car il ressent qu’il est aimé et qu’il mérite de l’affection. Il lui sera alors possible de créer d’autres liens positifs avec d’autres adultes. Dans sa prime enfance, l’enfant qui fréquente un CPE (centre de la petite enfance) ou une garderie depuis la pouponnière, aura connu plus d’une dizaine d’éducatrices différentes (et souvent plus!), et ce, jusqu’à ses 5 ans! Ouf! Cela en fait des gens à apprendre à aimer!!!
Dans votre message, le groupe de votre fillette a connu trois éducatrices différentes en quelques mois seulement! Il y a de quoi insécuriser les enfants! J’aime bien l’adage qui dit « Derrière tout comportement se cache un besoin »… Je pense qu’il n’est pas étonnant que votre petite fille démontre quelques comportements tels que mordre, pincer les autres enfants et faire fi des consignes de l’adulte en place. Je pense qu’une des principales questions à se poser en tant que professionnelle de la petite enfance serait de se dire «
Que tente-t-elle de dire, d’exprimer? » Derrière ces comportements, quel serait le besoin de votre fillette (ex : besoin de stabilité, besoin d’être reconnue et accueillie, besoin de sécurité affective, besoin d’être accompagnée et soutenue, etc.). Il serait bon également de savoir dans quel contexte ces comportements surviennent-ils? Est-ce qu’elle pince gratuitement? Le fait-elle pour protéger son espace de jeu ou un jouet? Réagit-elle devant une agression d’un autre enfant? Est-ce que cela survient dans des temps précis? Exemple : Lors des moments de transition ou lors de la période de jeux libres, etc. Comment intervient l’éducatrice? Privilégie-t-elle la résolution de conflits (voir l’article
« Comment gérer les conflits chez les tout-petits » sur le site Nanny Secours). Votre fillette a un bon vocabulaire, elle est donc en mesure de pouvoir s’exprimer verbalement si l’adulte en place sait bien l’accompagner dans cette démarche naissante. De plus, comment expliquer que les comportements de votre enfant arrivent et repartent comme cela? Je pense qu’il serait vraiment judicieux de tenter d’y apporter une réponse… serait-ce qu’ils disparaissent lorsque l’éducatrice est en place depuis un petit bout de temps et qu’ils réapparaissent lors d’un changement d’éducatrice?
Bref, votre regard extérieur, vos inquiétudes, votre volonté à vouloir trouver une solution positive pour votre enfant font de vous une maman bienveillante! Bravo! Le service de garde a également une belle responsabilité dans tout cela : Celle de maintenir le partenariat CPE-Parent et être en mesure de vous rassurer dans tout cela. Le personnel éducateur est formé pour être en mesure d’intervenir auprès d’enfants qui démontrent certains comportements tels que mordre ou pincer. Espérant que cette jeune éducatrice nouvellement en place puisse rester et tisser des liens avec les enfants de ce groupe. Avec du soutien pédagogique, elle pourra mettre en place des stratégies gagnantes et faire en sorte de renforcer le sentiment d’appartenance du groupe.
Quelques petites données intéressantes de l’enfant de 3 ans :
- Bien que le côté social soit un peu plus développé, l’enfant de 3 ans peut jouer avec 2 ou 3 autres enfants, mais il a « encore » besoin du soutien de l’adulte. Ses jeux peuvent rapidement tourner à la mésentente, car il est encore égocentrique.
- Il possède un bon vocabulaire, son autonomie est de plus en plus grande et il peut, avec le soutien de l’adulte, régler ses petits conflits sociaux.
- Il peut faire preuve d’empathie envers un autre enfant (il en est à ses débuts!). L’accompagnement de l’adulte bienveillant lui sera favorable.
- Le partage commence lentement à entrer en scène… Il lui est plus facile de partager avec un enfant à la fois qu’avec plusieurs!
- Les gestes « antisociaux » (mordre, pousser, pincer, taper, etc.) sont de moins en moins présents, car il est de plus en plus capable de « réprimer » le geste et de le transformer en mots! Évidemment, il a besoin du soutien constant de l’adulte en place pour le lui rappeler!!!
- Favoriser l’apprentissage des comportements altruistes à la maison. Exemple : Prendre soin du poisson rouge, donner la suce au petit frère quand celui-ci pleure, aider maman à plier les vêtements, mettre la table, etc. L’enfant de cet âge adore se rendre utile et aider!
- Il est en mesure de comprendre certaines règles sociales. Soyez un modèle pour lui : ex : Dire bonjour à grand-maman qui entre dans la maison, dire « merci », ouvrir la porte à une personne âgée, etc.
- Accompagnez-le dans l’expression de ses colères… Prenez le temps de mettre des mots sur ce qu’il vit. Exemple : S’il vous crie un « T’es pas fine maman!!! », ne le prenez pas personnel et prenez le temps de lui dire simplement ce qu’il vit. Exemple : « Tu es en colère, car je t’ai interdit une deuxième collation avant le souper ». « Tu es déçu et fâché de devoir aller au lit sans histoire ce soir », etc.
En terminant…
Lorsque l’enfant est bien accompagné et guidé par des parents bienveillants à la maison, je doute fort que son développement social soit atteint lorsqu’il vit quelques petits bouleversements au service de garde.
Cependant, ces changements ne doivent pas perdurer dans le temps…
Continuez de porter un regard intéressé à la vie de votre fillette au service de garde. Assurez-vous d’avoir réponse à vos questionnements de la part du service de garde tout en continuant de vous montrer ouverte et collaboratrice.