Êtes-vous de ces parents qui détestent « jouer à la police », mais qui par hasard, se retrouvent dans ce rôle plus souvent qu’autrement ? Eh bien, bonne nouvelle, vous n’êtes pas confinés à ce rôle !
Voyez-vous, il existe plusieurs chapeaux dans le rôle de parent, et si vous vous retrouvez régulièrement avec celui du policier, il est fort probable que ce soit en partie parce que vous le détestez, et en partie parce que vous avez vos chapeaux favoris, négligeant certains autres tout aussi importants. Voici donc un aperçu de ces différents chapeaux.
C’est un chapeau que beaucoup de parents aiment utiliser. C’est le chapeau du parent qui amuse et divertit ses enfants. Avec ce chapeau, vous avez plein d’entrain pour faire des activités agréables et des sorties juste pour le plaisir. Il peut aussi être très utile pour dédramatiser une situation et la rendre plus légère.
Il arrive qu’on ait remisé ce chapeau parce qu’on a peur de perdre le contrôle et « que ça dégénère » ou qu’on soit trop occupé avec les devoirs, le travail, les courses et les factures à gérer.
Ce chapeau est celui du parent qui accueille les peines de son enfant, protège en mettant des balises pour sa sécurité et s’assure que l’enfant a tout ce dont il a besoin : de bonne mitaines en hiver, un repas équilibré et de saines habitudes de vie par exemple.
Il arrive qu’on ait remisé ce chapeau parce qu’on manque de temps ou parce qu’il nous est difficile d’accueillir les émotions de notre enfant, n’ayant pas appris à accueillir les nôtres tout simplement.
Ce chapeau est celui du parent qui met un bandage, offre un remède, veille un enfant malade ou prend un rendez-vous chez l’ostéopathe ou le dentiste. Peu de parents négligent ce chapeau D’ailleurs, on retrouve des enfants qui ont toujours un bobo parce c’est un excellent moyen d’obtenir toute l’attention du parent !
Il arrive qu’on ait remisé ce chapeau parce que nous sommes inconfortables avec la douleur et la souffrance. On tente alors de régler « ça » au plus vite en demandant à l’enfant d’arrêter de pleurer « pour un petit rien » et en minimisant la douleur, probablement parce que c’est ce qu’on a appris.
Ce chapeau est celui du parent qui enseigne à son enfant les règles de vie en société, la gestion de ses émotions, des méthodes pour atteindre ses objectifs ainsi que des valeurs telles que l’entraide ou le sens de l’effort. Le coach considère qu’il est normal qu’un enfant ait besoin d’apprendre toutes ses choses et choisit des moyens de le soutenir dans ces apprentissages. Il cherche à comprendre son enfant et l’étape qu’il traverse. Il se renseigne, cherche du soutien dans son entourage ou auprès de professionnels. Il a confiance que bien soutenu, son enfant apprendra tout ce dont il a besoin. Il guide et accompagne l’enfant dans la découverte de ses richesses intérieures. Il est bienveillant, solide et rassurant.
Il arrive qu’on ait remisé ce chapeau parce que nous croyons que l’enfant n’y arrivera pas ou parce qu’on ne sait pas comment l’accompagner. Il se peut aussi que nous nous sentions « mauvais parent » parce que notre enfant n’est pas docile, calme et responsable comme celui du voisin ou de sa sœur. La tentation est alors de « jouer à la police », en imposant par la force et les punitions, un comportement conforme qui confirmerait notre compétence parentale.
C’est le chapeau du parent qui arrête les comportements inacceptables en société, selon le niveau de développement de l’enfant. Il peut aussi appliquer les conséquences qui y sont reliées. Idéalement, ces conséquences seront logiques, reliées aux gestes, et de même proportion. Le parent policier aura pris soin d’abord de coacher son enfant dans un moment de calme, pour lui montrer le comportement qu’on attend de lui, ainsi que des moyens pour y arriver. Il annoncera alors quelles seront les conséquences si l’enfant fait le choix de maintenir le comportement inapproprié. Ce qui fait que, lorsqu’il aura à jouer le rôle du policier, il n’expliquera pas de nouveau. Il appliquera les conséquences avec détachement mais fermeté, sans colère ni brusquerie. Il sera conscient que vivre les conséquences à ses actes fait partie de l’apprentissage.
Pour illustrer l’attitude du bon policier, imaginons d’abord ce que serait votre réaction devant un policier abusif. Disons que vous vous faites intercepter parce que vous avez fait un arrêt « à l’américaine ». Le policier frappe brusquement dans votre fenêtre avec un regard noir. Vous ouvrez la fenêtre, et il se met à vous sermonner: «Non mais quel âge avez-vous ? Depuis le nombre d’années que vous conduisez, ne savez-vous pas qu’il faut faire un arrêt complet devant ce panneau ? À quoi vous avez pensé ? Un enfant aurait pu traverser la rue et vous l’auriez frappé ! Comment vous vivriez avec le fait d’être responsable de la mort d’un enfant ? Non mais franchement, je me demande bien dans quel monde nous vivons pour avoir des gens aussi irresponsables ! » Et comme il a eu une grosse journée, il vous une contravention 10 fois supérieure à celle prévue, pour vous donner une bonne leçon.
Manque de respect, culpabilisation, dramatisation, injustice vous en conviendrez. Je n’ose imaginer à quel point vous seriez indignés, voir en colère, à moins que vous ne fondiez en larmes ! Vous savez que vous avez fait une erreur, et tout ce que vous souhaitez, c’est que le policier vous remette le billet d’infraction, et idéalement avec un brin de compassion ! Il fait son travail pour que les règles de la sécurité routière (dont nous ne voudrions d’ailleurs pas nous passer…) soient respectées, vous acceptez la conséquence et ça vous suffit pour vous donner une motivation supplémentaire pour porter un peu plus attention à l’avenir… jusqu’à ce que vous viviez un autre moment d’inattention deux ans plus tard en dépassant la limite de vitesse à l’entrée d’un village… L’erreur est humaine, non ?
Avec le chapeau du policier abusif, vous obtiendrez de bons résultats à court terme avec certains enfants, mais à quel prix ? N’oublions pas qu’ils risquent alors de devenir dociles à toute forme d’autorité et à la pression du groupe de pairs à l’adolescence, ce qui ouvre la porte à des abus. Quant à ceux avec qui le contrôle et les punitions démesurées ou dépourvues de lien avec la situation (une semaine sans ordinateur, se coucher à 6h pendant 10 jours, copier une phrase 300 fois, etc.) ne fonctionnent pas, ils risquent de faire vivre l’enfer à toute la famille et je serais tentée d’ajouter : avec raison ! Trop, c’est comme pas assez.
Il arrive qu’on tente de remiser ce chapeau parce que nous avons des blessures face à l’autorité. Peut-être avons-nous connu des « policiers abusifs » dans le passé et nous nous sommes promis de ne jamais agir de cette façon. Sauf que lorsqu’on remise ce chapeau, puisqu’il est sécurisant pour l’enfant d’avoir des balises, il fera tout pour qu’on l’utilise ! Et c’est à ce moment qu’il se mettra à faire les quatre cent coups pour le voir apparaître… Alors, à bout de nerfs, après avoir toléré l’intolérable, le policier qui apparaît est, bien malgré nous, celui que nous avons connu : colérique et abusif ! Une fois calmés, nous nous jurons de ne plus le laisser sortir, usant de tous les autres chapeaux à outrance. Jusqu’à ce que notre enfant nous pousse à le lui présenter de nouveau, parce que pour lui, le policier abusif est beaucoup mieux que pas de policier du tout !
Alors, puisque le chapeau du policier est nécessaire dans l’éducation des enfants – comme tous les autres chapeaux d’ailleurs – faites la paix avec lui. Acceptez cette partie moins amusante du rôle de parent et choisissez consciemment de l’utiliser chaque fois que c’est nécessaire. Pratiquez l’attitude du bon policier avec votre enfant : appliquez une juste conséquence, sans laisser de chance, et avec compassion pour le malaise qu’il vit. Parlez peu, gardez un ton calme et faites ce qui était convenu. Après la conséquence, utilisez UN PEU le chapeau de coach en témoignant en une phrase ou deux maximum, que vous avez confiance que la prochaine fois, il arrivera à utiliser les moyens que vous avez mis en place ensemble pour qu’il développe le comportement attendu. Ne vous éternisez pas à ce moment : il gagnerait peut-être votre attention avec ses comportements dérangeants. Revenez plus tard sur les moyens que vous avez mis en place, si nécessaire et donc, pas à chaque fois.
Si vous avez eu tendance à tenter de le mettre de côté le chapeau du policier pour le sortir uniquement en situation de crise et donc à finir par être le policier abusif, vous devrez peut-être « jouer à la police » intensément pendant quelques semaines. Votre enfant voudra s’assurer que le bon policier est là pour rester ! Mais rassurez-vous : en continuant de jouer avec tous les chapeaux, votre enfant comprendra les limites et recherchera aussi vos autres chapeaux. L’équilibre reviendra, rendant ainsi la vie familiale beaucoup plus agréable.
S’il vous apparaît difficile de discerner quel chapeau convient dans les situations du quotidien, n’hésitez pas à faire appel à un coach familial : cette personne saura vous guider pour y arriver plus facilement et plus rapidement. Et si vous en sentez le besoin, consultez un thérapeute pour vous libérer de vos souffrances passées causées par un policier abusif.
Membre du Réseau Nanny secours depuis 2013.