Bonjour,
Je me suis séparée de mon ex-mari car il ne s'occupait pas de ma fille et encore moins de moi. Elle avait 17 mois. Elle n'a jamais vu ses parents s'embrasser ou se faire un câlin.
Elle a eu beaucoup de troubles de sommeil tant que nous vivions avec lui et en un mois tout avait disparu (elle avait alors 18 mois).
Puis elle a totalement rejeté ce père inconnu : elle partait se cacher sous le lit de mes parents ou se cachait dans la chambre et fermait la porte. J'ai pris beaucoup sur moi afin qu'elle le voit et qu'ils renouent un lien en les accompagnants dans toutes leurs sorties jusqu'à qu'elle accepte de passer un après-midi seule avec lui. Elle avait 20 mois et à cette période, j'ai rencontré quelqu'un qui était remplit d'affection et de tendresse envers nous. Ma fille l'a aimé tout de suite comme un papa.
Après, nous avons recomposé une famille ensemble où tout se passe bien. De son côté mon ex-mari a rencontré quelqu'un qui avait déjà un enfant. Seulement vers 2 ans ma fille s'est mise à pleurer et à dire ne pas vouloir aller chez son père sans que je ne sache pourquoi...
Son père ne voulant rien savoir l'oblige à y aller en me l'arrachant des bras, et moi à chaque fois ça me brise le coeur... Vers ses 2 ans et demi, il y eut une amélioration. Aussi, elle sait que chez nous elle peut parler de tout, même de son papa, je ne suis absolument pas fermée à ce sujet, même si de son côté il ne me parle pas quand il vient la chercher.
Elle s'est également mise à appeler mon nouveau conjoint papa, chose que nous n'avons pas laissé faire, mais ils ont mis en place leur petit surnom. Puis sont venues les vacances d'été ou elle est partie une semaine et là, catastrophe !
Elle est revenue toute renfermée sur elle-même et a recommencé à avoir peur de dormir... Et impossible de retourner chez son père sans pleurer et hurler 'Maman vient me chercher' ! De nouveau mon cœur se brise et impossible de savoir comment ça se passe car il ne veut pas communiquer avec moi.
Avec la rentrée à l'école qui s'est très bien passée, les pleurs se sont lissés pour aller chez lui mais dès qu'elle y est retournée une semaine, elle est redevenue dans un état catastrophique à avoir peur d'aller dormir.
Elle a mimé à mes parents, son père au-dessus du lit en train de lui hurler dessus la nuit! Et quand elle est rentrée, elle nous a dit ne pas vouloir dormir car elle avait peur. D’ailleurs, elle a refait des terreurs nocturnes pendant 3 jours...
Il a fallu une semaine pour la rassurer et elle a dû y retourner. Elle m'a redit ne pas vouloir dormir là-bas car elle avait peur. Et encore une fois : pleurs et hurlements au moment departir et son père n'a rien voulu entendre et me l'a prise...
Quel déchirement pour moi de la voir comme ça!
À votre avis, pourquoi réagit- elle comme ça, sachant que son père était violent la nuit quand elle se réveillait et l'insultait. Que puis-je faire pour l'aider? Devrais-je demander la diminution de ses droits de visite ?
Aidez-moi s'il vous plaît.
Bonjour à vous,
Je vous remercie sincèrement de nous accorder votre confiance en nous livrant votre histoire. La première chose que l’on désire pour notre enfant est son bien-être et sa sécurité. Chaque parent donne le meilleur de lui-même, avec tout son bagage de connaissances et son vécu pour répondre aux besoins de son enfant. Par contre,
il arrive que certains parents en soient malheureusement incapables. J'aimerais vous aider en vous suggérant des pistes de réflexion qui vous permettront de prendre une décision plus éclairée.
Premièrement, je vous invite à prendre un moment avec votre enfant pour bien comprendre la situation :
- Tentez d'identifier le besoin à combler de votre enfant. A-t-elle besoin d'être rassurée, consolée? Est-ce un besoin d'affirmation, un besoin d’avoir une présence aimante et sécurisante?
- Comment votre enfant perçoit-elle la situation?
- Quelle est l’image que votre fille a de son père?
- Quels sont les moments agréables avec papa?
- Quels sont les avantages à ce que votre enfant continue de dormir chez papa pour le moment?
- Est-ce qu’il y aurait possibilité que votre enfant puisse voir son papa seulement le jour et venir dormir chez vous le temps qu’elle reconstruise un lien de sécurité et de plaisir avec papa?
- Qu’est-ce qui a déjà été essayé et pendant combien de temps?
- Quelles sont vos attitudes? Comment est votre non-verbal, votre écoute lorsque votre enfant vous raconte ces événements?
- Quelles seraient les solutions possibles et positives pour vous trois?
Je vous recommande fortement de
faire verbaliser et extérioriser les émotions et les pensées de votre petit trésor afin de mieux comprendre ce qu’elle vit. Demandez-lui ce qu’elle aimerait faire et comment elle voudrait s’y prendre. Vous pouvez
inventer une histoire avec ses poupées pour favoriser le dialogue. Le jeu et l’imaginaire seront vos meilleurs alliés. De plus, vous pourriez
utiliser le dessin pour que votre petite cocotte raconte la situation qui lui fait peur et exprime ce qu’elle aimerait qu’il se produise. Le dessin permet à l’enfant de faire passer ses messages de manière douce, sans créer un trop grand inconfort émotionnel.
Deuxièmement, je crois qu’il serait pertinent, si cela est possible, d’avoir une
discussion entre vous et monsieur au sujet de votre fille et de ses peurs. Essayez d’avoir un terrain neutre où vous pourrez tous les deux exposer votre point de vue. Bien évidemment, cela ne sera certainement pas chose facile, mais vous pouvez lui faire réaliser que vous avez un objectif commun, c'est-à-dire le bien-être de votre fille.
Dans cette situation délicate, exposez les faits, parlez au "je", apportez des solutions gagnant/gagnante et prenez le temps d’écouter ce que l’autre partie a à dire. Si cette rencontre n’est pas possible ou envisageable, peut-être serait-il approprié d’en discuter devant un
médiateur ou avec un
professionnel juridique.
Si la situation ne rentre pas dans l’ordre malgré toutes ces interventions, il sera pertinent d’envisager une diminution des droits d’accès du papa. En attendant, je vous suggère de
bien expliquer à votre fille que vous êtes touchée par ce qu’elle vit, et que vous devez trouver des solutions ensemble, mais que c’est la loi qui vous oblige à la laisser partir chez son père. L’objectif est de la rassurer sur le fait que vous ne la laissez pas dans cette situation par choix, et non d’augmenter sa résistance à y aller en dramatisant la situation (qui est déjà assez difficile, on en convient…).
En terminant, rappelez-vous que, peu importe la décision que vous allez prendre,
l’objectif visé est la santé, la sécurité et le bien-être de votre fille. Il doit vous guider à déterminer le choix le plus éclairé pour votre famille. Vous êtes la meilleure personne pour comprendre ce que votre enfant vit. Vous pouvez également utiliser le service de coaching téléphonique du réseau pour discuter de vive voix avec un coach ou avoir une rencontre personnalisée afin de vous permettre d’obtenir des outils adaptés à votre réalité.