« Papa maman, je ne vais pas bien ».
Ce n’est pas une belle phrase à recevoir de la part de son enfant.
Mais c’est la phrase la plus rassurante à recevoir de son enfant qui, en vous la disant, fait preuve d’une maturité et exprime une grande confiance envers vous.
Il m’a mentionné qu’il ne se sentait pas dans son assiette. J’ai traité l’info avec amour et une certaine légèreté. Repose-toi ! Mange bien ! Bouge un peu ! À mes conseils, je vois que je n’ai pas écouté le réel sentiment derrière la phrase.
Et le pire de mon intervention paternel est lorsque j’ai commencé à comparer mes petits soucis et son mal être. Lui dire que moi aussi parfois je ne suis pas dans mon assiette et que je me fouette et que ça passe. À cette étape-ci, j’ai enfreins toutes les lois psychologiques de l’écoute active, positive, biologique, parentale et quoi encore.
Je n’ai pas reçu l’info que mon fils me passait.
Si je m’étais seulement fermé la trappe, j’aurais saisi à quel point son « je ne vais pas bien » n’en était pas un de passage mais un bon mal de vivre. Oh que je salue haut et fort la maturité dont il a fait preuve en nous en parlant à sa mère et moi ! En nous réunissant au resto pour nous exposer de façon plus concrète et plus direct que la prochaine étape n’en était pas une de repos ou de repas végétalien. Mais une demande d’aide de professionnel.
Je suis fier de mon fils. Et pour ajouter à la leçon que papa est en train de vivre et à la fierté ; il en avait parlé à tous ces amis, leur demandant d’être présent à l’appel le soir ou le « blues » était trop…noir ! Il a créé un filet de sécurité autour de lui dès les premiers instants. Wow ! Ne vous en faites pas, il va bien. Si je vous en parle maintenant est que, de tout ça, j’ai surtout
appris le sens du mot écoute.
Pouvez vous croire que je parle de l’écoute avec nos enfants en conférence depuis plus de 20 ans et que moi, cordonnier mal chaussé, j’ai failli à cette tâche. J’ai bien senti que la phrase « je ne vais pas bien » a plusieurs couleurs. Et
dans un cœur de parent, on veut les couleurs les moins dramatiques, les plus pâles. Même que les pastels feront l’affaire. La preuve en était dans les réponses que je donnais du type : « prend une marche et ça va passer ! » Mais, sans se fâcher et sans jugement, il a décidé de se faire entendre plus clairement en abordant lui-même les démarches nécessaires pour « aller mieux ». Puis, nous rassembler sa mère et moi (qui sommes divorcé et donc n’habitons plus ensemble) et mettre carte sur table afin qu’elle et moi ayons le même discours.
Mon fils a appliqué une loi extraordinaire et ancienne comme le monde :
Quand ça ne va pas, dis le ! Le pire piège aurait été (et il est grandement pratiqué aujourd’hui, surtout par les hommes) de s’isoler. De se terrer seul et espérer que ça passe avec une aspirine 81 mg ! Jaser est une action tout à fait oubliée ! Jaser messieurs du pincement qu’on peut avoir dans le ventre. Jaser jeunes hommes du fait que vous n’êtes pas dans votre assiette. Parler haut et fort, sans honte et sans gêne que, pour le moment, vous n’êtes pas à votre meilleur. Avertissez ceux que vous aimez, que les prochaines semaines, les prochains mois, seront plus difficile. Tout en sachant qu’il y a quand même qu’il y a une lumière au bout du tunnel.
Voilà deux mots sur lesquels nous devrions réfléchir plus : gêne et honte. Nous parents, avons un beau projet pour notre plan éducatif : apprendre à écouter sans jugement.
Soyons claire, je ne dis pas écouter tous les « chignages, plaintes et braillages » d’enfants gâtés. Mais écouter lorsque votre enfant vous dit droit dans les yeux avec conviction : « je ne vais pas bien ! »
À vous maintenant de faire la différence entre le bon grain de l’ivraie !
Qui a dit qu’être papa était facile ? Hein… ? J’écoute !