La notion du consentement est une composante essentielle du savoir-vivre et du savoir-être envers les autres (ou en société). Depuis le mouvement #MeToo, la portée de ce mot a pris de l’ampleur en raison de ses nombreuses conséquences liées au non-respect de l’autre dans le but d’avoir une relation sexuelle ou tout autre rapprochement non désiré, ou dans n’importe quel autre contexte. Cela reste malheureusement encore d’actualité aujourd’hui. L’adolescence étant une période où les jeunes se découvrent sexuellement et apprennent à apprivoiser leurs désirs et leur corps, il demeure très important de leur enseigner rapidement ce que veut dire le consentement dans ce contexte. Il est essentiel d’en parler de façon très concrète alors que la découverte des nouvelles sensations combinée à un cocktail d’hormones propre à l’adolescence peut rendre la limite plus floue ou difficile à respecter dans certaines situations. Je vous propose différentes approches afin de le faire de façon amusante sans toutefois banaliser.
Il n’est peut-être pas facile d’entrer en conversation avec votre adolescent(e) sur un sujet délicat comme celui-ci, mais il est important de le faire. Vous vous demandez comme l’aborder? Montrez-lui pour initier le sujet la courte vidéo intitulée « Le consentement avec un thé », qui utilise une métaphore simple et puissante pour présenter le concept de consentement en comparaison avec l’offre d’une tasse de thé.
Cette vidéo ludique et humoristique détendra l’atmosphère et vous pourrez nommer alors à votre adolescent(e) que, si vous souhaitez aborder ce sujet avec lui, c’est à titre préventif et pour son bien. Une fois cette vidéo terminée, demandez-lui ce qu’il en a pensé, pour quelle raison selon lui vous lui avez montré cette vidéo, comment se sent-il à la suite du visionnement et comment se sentait-il pendant son écoute. Vous pouvez même l’interroger sur ce qu’il sait de la notion du consentement.
Cette façon de présenter le consentement est non seulement amusante, mais elle permet aussi d’activer d’une certaine façon les connaissances antérieures (l’apprentissage du respect des limites de chacun inculqué dès la petite enfance) et l’esprit critique de votre adolescent.
Lorsque vous abordez la notion du consentement sexuel, vous n’avez pas besoin de connaître les expériences de votre adolescent. Vous pouvez cependant lui dire que la porte est ouverte si jamais il a des questions sur une situation vécue ou observée en lien avec ce sujet.
Le consentement sexuel, c’est quoi au juste?! : ce sont deux partenaires qui désirent vivre une activité sexuelle de façon volontaire, c’est-à-dire que chacun accepte que l’activité ait lieu, que ce soit une relation sexuelle, un baiser ou tout autre geste de nature sexuelle. Le consentement des partenaires doit être clair et libre. Chacun des partenaires doit avoir compris et dit de façon nette et précise qu’il s’ouvre à une activité sexuelle.
Que veut dire « consentement sexuel libre »? : celui-ci est donné sans ressentir aucune pression de l’autre partenaire. Chaque personne est responsable de s’assurer que son ou sa partenaire se sente complètement libre de dire clairement ce à quoi il ou elle consent, peu importe la nature sexuelle. Dès qu’une personne ne souhaite pas qu’il y ait un quelconque rapprochement ou toucher, c’est considéré comme une agression sexuelle. Le consentement peut donc changer en cours de route, et ce, dépendamment de l’activité sexuelle. Un partenaire peut dire oui à un baiser, mais refuser d’avoir une relation sexuelle.
Est-ce que votre adolescent(e) a vraiment compris la notion de consentement? : votre adolescent doit bien comprendre l’importance du respect de ce consentement, ainsi que les situations et les nuances où celui-ci n’est pas libre. Présentez-lui différentes mises en situation afin que cette notion soit concrète pour lui ou elle. Si vous êtes à l’aise, vous pouvez parler de votre propre expérience. Ainsi, votre ado pourrait développer une certaine confiance pour vous parler par la suite.
Quelques exemples où il n’y a pas de consentement libre :
Dans le cas où un des deux partenaires est intoxiqué (alcool ou drogue) ou inconscient, même s’il ne répond pas à la négative lors d’un début d’activité sexuelle, cela ne veut en aucun cas dire qu’il a consenti. Une personne qui est dans cet état n’est pas jugée apte à répondre adéquatement. Il n’y a donc pas consentement ici.
Si un des partenaires insiste, revient à la charge plusieurs fois, tente de convaincre l’autre par diverses manipulations comme « si tu m’aimes, tu vas dire oui ».
En cours de route… toute personne peut, à tout moment, dire « non », et ce même si les personnes impliquées sont en pleine action. Rien ne peut justifier de continuer si l’autre personne vous dit « non ».
Il est important d’être à l’écoute de l’autre, même s’il dit « oui » mais que tout son corps crie « non ». Apprennez à votre enfant à décoder le non-verbal de l’autre (semble mal à l’aise, interrompt souvent l’activité sexuelle en parlant, son visage ne démontre aucun plaisir, etc.).
Consentement verbale nébuleux… la personne reste évasive dans les mots qu’elle utilise : « ouain… je suis pas sûr… », « c’est peut-être pas un bon moment », « je me sens mal, j’ai peur qu’on se fasse prendre. Mon père est de l’autre côté du mur! », « je sais que tu as l’goût… », « j’ai pas l’habitude, on ne se connaît pas beaucoup », etc. Il n’y a aucun « non » clair qui a été dit et il n’y a pas non plus un « oui » clair! Il y a hésitation, évitement, malaise, ton de voix peu assuré, réticence à se dévêtir. « Ouain… » n’est pas un oui!
Il n’y a pas de « faux non » mais il y a de « faux oui ». Pour qu’il y est un réel consentement, chaque personne doit évidemment être consciente, avoir toutes ses capacités donc être non-intoxiquée, prendre peu d’initiative pendant l’activité sexuelle, ne ressentir aucun malaise, n’avoir reçu aucune pression et peur de dire non. Une personne qui dira « oui » de façon affirmée dégagera une assurance, son visage démontrera du désir (regard, sourire naturel), elle cherchera à découvrir l’autre dans un réel but de plaisir sexuel mutuel. Il est important d’être à l’écoute de l’autre pour s’arrêter et discuter lorsque le ou la partenaire dit « non » ou ne manifeste pas un « vrai oui » clair et explicite. Vaut mieux s’assurer du bien-être dès que l’on voit ou sent quelque chose que de créer malgré nous une blessure chez l’autre.
Présentez à votre progéniture les loirs et faits importants au sujet du consentement chez les adolescents.
Selon Éducaloi, avant 16 ans, un adolescent peut généralement consentir à des attouchements sexuels si son partenaire a environ le même âge. L’écart d’âge avec son partenaire doit respecter certaines règles. Par exemple, si le partenaire a moins de 12 ans, le consentement n’est en aucun cas valide.
Si le partenaire a entre 12 et 13 ans, il doit y avoir un écart d’âge de moins de deux ans entre les deux partenaires.
Et finalement, si le partenaire a entre 14 et 15 ans, l’écart d’âge permis entre les deux partenaires est de moins de 5 ans.
Si l’écart d’âge entre les deux n’est pas respecté, le plus vieux des partenaires peut être accusé au criminel, même si le plus jeune des partenaires a consenti ou même que les parents ont permis cette relation.
Avant 18 ans, l’adolescent ne peut pas donner un consentement valide quand il est dans une position de vulnérabilité dans la relation. Même s’il a dit oui, il peut avoir répondu par peur de représailles, de violence ou d’être rejeté par l’autre. Cela peut être le cas lorsqu’il y a présence de violence conjugale au sein de la relation.
Il y a également un rapport de force et une inégalité entre les deux partenaires quand l’adolescent se trouve en situation de dépendance ou d’exploitation par rapport à l’autre. C’est aussi le cas si son partenaire est en position d’autorité. Par exemple, lorsqu’un partenaire est dépendant affectif et ne peut s’empêcher de vivre sans l’autre.
Enfin, dans un cas où le consentement ne serait pas permis entre deux partenaires, le tribunal peut s’en mêler et c’est le juge qui évaluera chaque situation.
En tant que parent, n’hésitez pas à faire vos recherches et à présenter ces lois et faits réels à votre enfant devenu presque adulte afin qu’il les voit et qu’il comprenne l’ampleur des gestes parfois causés.
Il est donc important d’aborder le sujet avec votre adolescent(e) de la manière avec laquelle vous vous sentez le plus à l’aise, mais sachez que l’humour et les jeux ludiques sont généralement encore gagnants à cet âge. Vérifiez sa compréhension du consentement sexuel, donnez-lui des exemples et présentez des lois et faits. Montrez à votre adolescent(e) que vous avez confiance en lui et que vous ne faites que votre rôle de parent : vous l’informez et vous le protégez. Faites-lui comprendre que le consentement est un élément clé de la vie en société et du respect mutuel dans une communauté.
Intervenante familiale et intervenante en stimulation du langage couvrant la région des Laurentides, elle intervient auprès des enfants de 0-25 ans. Membre du Réseau Nanny Secours depuis 2022.
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