Besoin ou désir?

Besoin ou désir?
Est-ce que vous répondez aux besoins ou aux désirs de votre enfant? Avant de pouvoir répondre, il importe de faire la distinction entre un besoin et un désir. Dans notre société de consommation, les désirs prennent de plus en plus de place et nous amènent à les confondre avec nos réels besoins. Ne faisant pas la différence pour nous, il est peu probable que nous la fassions avec nos enfants. C’est pourtant une notion importante à leur apprendre. De plus, je pense que ceci peut faire baisser la culpabilité grandissante chez certains parents.
Selon le dictionnaire Larousse, un besoin est une « exigence née d’un sentiment de manque, de privation de quelque chose qui est nécessaire à la vie organique; chose considérée comme nécessaire à l’existence. » Et un désir est une « action de désirer, d’aspirer à avoir, à obtenir, à faire quelque chose; envie, souhait. » En partant de ces définitions, on peut donc conclure qu’un besoin est tout ce qui est essentiel et vital pour une personne. Voici une reproduction sommaire de la très reconnue pyramide des besoins du psychologue Abraham Maslow qui permet d’illustrer clairement les différents besoins de l’être humain. PYRAMIDE MASLOW Certains trouveront cette liste remplie d’évidences. Alors à partir de quel moment un besoin se transforme-t-il en désir? Est-ce qu’un désir est uniquement le reflet d’un caprice ou bien peut être un moyen détourné de répondre à un besoin? Le besoin de se nourrir implique de boire et de manger des aliments afin de donner l’énergie nécessaire à notre organisme de se développer et surtout, de fonctionner. Il est donc important de pouvoir manger à notre faim. Est-ce que suivre à la lettre le guide alimentaire canadien en incluant des aliments variés et acheter uniquement des aliments BIO répond uniquement au besoin de se nourrir? Un enfant qui refuse de manger ce qui lui est présenté et exige que son parent lui offre ce qu’il a envie de manger répond uniquement au besoin de se nourrir? Bien qu’il soit recommandé de suivre le guide alimentaire canadien et que certains parents ne peuvent s’imaginer offrir des aliments autres que BIO, un enfant qui mange à l’occasion des mets moins recommandés (trop de sucre, trop de sel, trop de gras, etc.) ne fait pas de vous un parent qui ne répond pas au besoin de se nourrir de votre enfant. Tout comme le fait de ne pas se précipiter en cuisine pour faire un deuxième repas pour votre enfant qui refuse de manger le repas que vous avez préparé ne fait pas de vous un parent qui ne répond pas aux besoins nutritifs de votre enfant. Le besoin de manger et boire veut dire que l’enfant PEUT manger à sa faim et le fait de CHOISIR ce qu’il veut ou pas manger est plus de l’ordre du désir. Le besoin de sécurité inclus entre autres d’être logé dans un endroit sécuritaire pour notre corps, notre santé physique. Il est essentiel d’être logé dans un milieu où l’on se sent en sécurité. C’est un élément que nous tenons parfois pour acquis, car la crainte d’une bombe qui peut tomber à tout moment ne fait pas partie de notre réalité québécoise et nord-américaine. Pour certains, avoir une maison est nécessaire pour élever un enfant. D’autres croiront que le fait d’avoir une très grande maison répondra plus au besoin de leur enfant. Est-ce que ça veut dire que d’habiter un appartement ne répond pas totalement à son besoin de sécurité? Non! Un enfant a besoin d’être logé dans un endroit sécuritaire, point! Je n’énumérerai pas chaque élément pour les approfondir. Je voulais simplement illustrer concrètement mes propos. Vous pourriez choisir de sortir de la maison la télévision, lecteur DVD, jeux vidéo, tous les jouets, etc. Vous pourriez n’offrir aucune activité parascolaire ou encore des voyages et VOS ENFANTS SERAIENT QUAND MÊME HEUREUX!!! Ils n’auraient d’autre choix que de faire aller leur imagination pour occuper leur temps et s’amuser. Je ne dis pas qu’il faudrait vider nos maisons, mais simplement rappeler que tous ces objets et activités ne sont pas indispensables pour répondre aux besoins réels des enfants. Qui n’a pas eu droit à une crise de colère ou a des commentaires du type « T’es pas fin. Tu dis toujours non. Mes amis en ont tous un. Je suis LE seul de l’école dont les parents refusent. Je vais perdre mes amis. Je ne serai pas dans la gang. C’est VOTRE faute! Etc. » pour obtenir quelque chose? Il est parfois difficile en tant que parent de maintenir un refus face à notre enfant triste ou en colère. Les enfants savent quoi dire pour toucher notre cœur de parent et nous nous sentons rapidement coupables. Dans ces moments, rappelez-vous que votre enfant est logé, nourri, respecté, AIMÉ, etc. Vous répondez amplement aux besoins de votre enfant. Il ne faut cependant pas oublier que votre enfant a aussi besoin d’être écouté, reconnu et accompagné dans son apprentissage de la gestion des émotions telles que la colère, la tristesse ou la déception. Il pourrait donc être judicieux de ne pas uniquement refuser sur un ton ferme face à une demande inadéquate ou démesurée à vos yeux. Reconnaissez son désir en étant empathique à ce qu’il peut ressentir. Qui aime se faire refuser quelque chose que l’on désire vraiment?! Vous pourriez lui proposer de se faire un tableau de rêves où il pourra y écrire ou dessiner tout ce qu’il désire. Il n’y a aucune limite sur ce tableau. Il peut y mettre TOUT ce qu’il désire. Vous pouvez aussi proposer à votre enfant votre aide afin qu’il puisse trouver un moyen pour obtenir ce qu’il désire. Parfois, il est aussi important de se questionner sur la raison qui pousse votre enfant à vous faire cette demande. Cherche-t-il à se faire accepter par ses pairs pour répondre à son besoin d’appartenance? Aurait-il besoin d’aide pour améliorer ses habiletés sociales? A-t-il confiance en lui pour ce qu’il est. ou pour ce qu’il possède. Ce ne sont que des exemples afin d’amorcer une certaine réflexion sur les raisons sous-jacentes qui poussent parfois certains enfants à agir d’une façon. Le but de cet article n’est pas de vous encourager à dire « non » à tout ce qui n’est pas un besoin, ni de juger qui que ce soit face à leur choix, mais plutôt de remettre les choses en perceptive afin de nous enlever cette pression de toujours avoir le meilleur pour répondre au besoin de l’enfant. Bonne réflexion!
Hélène Fagnan

Éducatrice à l'enfance, coacf familial et fondatrice de Nanny secours. Entrepreneure depuis l'automne 2006.

Hélène Fagnan

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