On voudrait toujours protéger nos enfants. Les mettre dans une bulle où seuls notre amour, leurs réussites et leurs succès régneraient. Une bulle avec tout ce que la vie a à offrir de plus beau.
Toutefois, la vie est faite d’imprévus. Certains sont agréables mais d’autres sont plus difficiles à gérer. C’est le cas du décès d’un proche. Que votre enfant perde son parent, son animal de compagnie, sa grand-maman ou un ami, il sera confronté au deuil et au lot de tristesse qui lui tient généralement compagnie.
Les premiers deuils sont souvent marquants pour l’enfant : ils viennent confirmer que rien n’est éternel! Notre capacité à l’accompagner à travers le deuil et surtout ce que nous lui dirons sont donc primordiaux car ils auront un impact sur sa capacité à gérer divers deuils dans son avenir.
Alors comment faire pour gérer cette situation dans un moment où nous sommes nous-mêmes pris émotivement? Il s’agit de s’en tenir à notre gros bon sens et comme toujours de répondre aux besoins de nos enfants.
1- Avant un décès prévisible
Si on sait qu’un proche significatif décédera dans les prochains jours ou les prochaines heures, on ne devrait pas imposer à l’enfant d’aller le voir mais plutôt lui proposer de dire au revoir.
Si l’enfant refuse catégoriquement d’y aller, on peut le questionner sur ses craintes mais on n’insiste pas. On peut aussi lui offrir une alternative comme de préparer un dessin que nous pourrons apporter lors de notre visite.
2- Au moment d’annoncer le décès d’un proche à l’enfant
Notre premier réflexe dans une telle situation pourrait être de vouloir l’épargner en n’en parlant pas ou encore en cachant la vérité. Or, aussi tentant que cela puisse être, votre enfant a besoin de connaître la vérité de façon simple. L’exclure ne ferait que créer chez lui un grand sentiment de solitude et augmenterait sa souffrance.
L’enfant doit savoir ce qui est arrivé et a besoin de l’entendre de la bouche d’une personne significative à ses yeux. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le fait de savoir et comprendre en partie ce qui est réellement arrivé apaise les enfants. Gardez donc vos propos courts et simples, mais véridiques.
« Papa est mort, son corps a arrêté de fonctionner et maintenant il n’a plus mal».
Le but est de rassurer l’enfant sur le fait que le proche ne souffre pas tout en le sécurisant face au fait que ce n’est pas toutes les maladies/accidents qui ont une fin aussi tragique. Chez les jeunes enfants, il peut être important de les rassurer que la mort n’est pas contagieuse. Finalement comme le deuil est souvent accompagné de culpabilité, il est essentiel de déculpabiliser l’enfant face à la mort d’un proche ET face à ce que vit l’adulte qui s’en occupe et qui est tout aussi endeuillé.
Ainsi, ne cherchez pas à cacher votre tristesse: il la sentirait de toute façon et risquerait de s’en tenir responsable. En lui donnant accès à vos sentiments, vous pouvez lui réitérer qu’il est normal qu’il se sente triste, ou même en colère. Vous pouvez aussi lui rappeler que vous l’aimez tout autant et qu’il n’y est pour rien dans votre tristesse.
3- Après l’annonce
Les enfants qui vivent un deuil ont de nombreux besoins. À la base ils ont besoin de présence et d’amour, et qu’une personne reconnaisse et valide leurs sentiments.
Ils ont besoin d’être rassurés qu’une personne pourra les aimer et prendre soin d’eux comme l’être cher décédé le faisait. Vous pouvez leur rappeler que l’amour reçu de cette personne est en lui pour toujours et que rien ne pourra jamais l’effacer. Vous pourriez même faire une petite technique d’impact en écrivant un message dans un cœur avec un crayon permanent et en lui demandant de l’effacer pour lui démontrer la permanence de l’amour de cet être cher. N’hésitez pas à lui parler de la personne décédée, rappelez-lui ses qualités ainsi que les beaux souvenirs vécus ensemble.
Votre enfant aura aussi besoin d’être entendu, écouté et qu’on réponde à ses questions, aussi bizarres ou répétitives qu’elles puissent nous sembler. L’enfant se rappellera de ce que vous lui dites de la mort, vérifiez donc sa compréhension et sa perception. De même, laissez-lui le droit à ses propres croyances et ne tentez pas de lui imposer les vôtres.
Afin de minimiser les grands bouleversements qui se passent dans sa petite vie, tentez de maintenir une routine et des règles de base similaires. Si vous n’y parvenez pas sous le poids de la tristesse, n’hésitez pas à demander de l’aide à votre conjoint, votre famille ou vos amis.
Les enfants vivent parfois leur deuil en silence mais on peut le percevoir dans leurs comportements changeants. Certains n’osent pas extérioriser leur tristesse car ils ressentent de la culpabilité à l’égard de leur parent qui est tout aussi triste et qu’ils cherchent par le fait même à protéger. Avertissez donc tous les gens significatifs dans la vie de votre enfant (amis ou leurs parents pour les plus jeunes, professeurs, éducatrices, etc.). Ces personnes constitueront de précieux alliés pour bien supporter votre enfant. Si vous constatez des changements dans l’attitude de votre enfant, voyez-le comme une belle occasion pour communiquer.
Profitez de l’une de ces discussions pour aborder avec lui des stratégies qu’il peut mettre en place lorsque le chagrin et le manque de cette personne se font ressentir, comme par exemple :
- Aller chercher de l’affection auprès d’un adulte qu’il aime;
- Regarder des photos de beaux souvenirs vécus ensemble;
- Lui écrire une lettre ou lui faire un dessin;
- Aller toucher un objet lui ayant appartenu;
- Lui parler et essayer d’imaginer ce qu’il nous répondrait;
- Fermer nos yeux et s’imaginer en sa présence.
Finalement la participation à un rite d’au revoir quelconque peut s’avérer aidant lorsque bien orchestré. Préparez-le au rite choisi en lui expliquant ce à qui il doit s’attendre et donnez-lui le choix de participer. Assurez-vous qu’il soit accompagné d’un adulte apte à le supporter et donnez-lui l’occasion d’apporter sa touche personnelle.
Si votre enfant s’isole de plus en plus, perd intérêt dans ses amis et les activités qui l’intéressaient, si son deuil semble s’éterniser ou que son comportement vous inquiète, n’hésitez pas à consulter!
4- Après l’hiver, le printemps!
La mort est souvent comparée à l’hiver. Mais après chaque hiver vient le printemps; le temps du renouveau, des projets, de l’espoir.
Avant d’aller mieux, votre enfant devra actualiser que la personne est belle et bien morte, s’habituer à son absence, vivre l’entièreté des sentiments qu’il a à vivre pour finalement s’adapter.
C’est en se créant de nouvelles habitudes et de nouveaux projets qu’il pourra enfin vivre son printemps à lui. Vous aviez l’habitude d’aller chez grand-papa le dimanche après-midi? Vous pourriez essayer de créer une nouvelle habitude richement investie en affectif tous les dimanches après-midi, comme aller à un cours d’arts puis manger un beigne ensemble par la suite, par exemple.
En conclusion, rappelez-vous que les yeux de votre enfant sont rivés sur vous et qu’il compte sur une grande personne pour lui montrer le chemin dans ces moments difficiles; prenez donc soin de votre enfant….mais surtout de vous!