Cette semaine, les réseaux sociaux se sont un peu enflammés suite à la publication d’un article concernant les exposés oraux. Ou, devrais-je dire, concernant une mère qui milite pour l’abolition des exposés oraux en classe. Son argument : l’anxiété générée par cette forme d’évaluation.
Exposés oraux : pour ou contre?
Il me semble que l’exposé oral, tout comme la prise de parole en public, peut être encouragée,
sans nécessairement toujours faire l’objet d’une évaluation. Il y a de nombreuses façons d’initier la prise de parole : discussion en petit groupe, conseil de coopération, comité, travail d’équipe, jeu, etc. Plus les opportunités de prise de parole sont nombreuses,
plus les élèves ont l’occasion de développer leurs habiletés!
Pourquoi ne pas voir l’exposé oral comme une opportunité? L’opportunité de sortir de sa zone de confort, mais aussi l’opportunité de s’affirmer, de prendre position, de se découvrir et de se faire découvrir. À mes yeux, un exposé oral est beaucoup plus qu’un texte à apprendre et à réciter par cœur devant ses compagnons de classe. Je crois que nous serions tous gagnants d’enseigner aux jeunes l’art de parler en public.
Sortir de sa zone de confort
Tout le monde n’aime pas être la vedette. Pour certains élèves, l’inconfort est grand, très grand. Pourtant, quand on sort un peu de notre zone de confort, il y a de belles choses qui se produisent!
Le dépassement de soi engendre la fierté, augmente le sentiment de compétence et nourrit l’espoir!
Toutefois, le pas à faire ne doit pas être trop grand. Si un élève ne sort jamais de sa zone de confort, il pourra difficilement apprivoiser son anxiété. À l’inverse, si la sortie de zone est trop importante, il risque de se décourager et de vivre encore plus d’anxiété.
Pour cette raison, il me semble que
chaque élève devrait pouvoir relever un défi à sa mesure, ni trop grand, ni trop petit! Comme l’élève de première année qui apprend à écrire, l’art de parler en public s’apprend : chacun son rythme, chacun son défi!
Apprivoiser l’anxiété
Tous les matins, voici ce que je dis à mes enfants : amusez-vous, trompez-vous, apprenez et célébrez! Je vous encourage à parler avec vos enfants de vos erreurs et des leurs, ainsi que des apprentissages réalisés. Pourquoi? Parce que tout le monde se trompe et parce que c’est rare qu’on est bon du premier coup. Les jeunes ont parfois besoin de le réentendre!
Pour apprivoiser son anxiété, l’enfant doit savoir ce qui le rend nerveux. Est-ce la prise de parole? L’attitude de ses camarades? Le regard des autres? En sachant ce qui lui cause du stress, il sera plus facile de répondre à ses véritables besoins.
J’ajouterais que l’anxiété nourrit l’anxiété : si un parent est aussi nerveux que son enfant le jour de son exposé oral, celui-ci le sentira!
Votre enfant a besoin de savoir que vous avez confiance en lui! Si vous doutez ou si vous êtes nerveux, il le sent. D’une certaine façon, c’est un peu comme lui donner raison d’avoir peur. À l’inverse, votre assurance le rassurera!
En parlant de l’anxiété et de nos peurs, on apprend à les apprivoiser. Une question que j’aime beaucoup poser aux jeunes est : «
Quel est le pire qui puisse arriver? » Ensuite, je leur demande : «
Qu’est-ce que tu ferais si ça arrivait? » Cet exercice peut aider l’enfant à trouver des solutions et des stratégies en cas de difficulté, tout en nous indiquant où et comment nous pouvons l’aider.
Vivre une expérience positive
Au-delà de la note, il y a l’expérience. Même si sa performance n’est pas à la hauteur de ses attentes, l’élève a vécu une expérience d’apprentissage. Je crois en l’importance de valoriser l’ensemble de cette expérience, et non pas seulement la note obtenue. Il y a sûrement une réussite à célébrer dans cette expérience ou une leçon à en tirer.
Je crois aussi qu’il est important de sensibiliser l’ensemble des élèves au défi que l’exposé oral peut représenter pour certaines personnes et leur enseigner ce qu’ils peuvent faire pour soutenir leur collègue qui éprouve des difficultés durant son exposé. Cela me semble une belle opportunité pour développer la solidarité, l’entraide et l’empathie, tout en rendant l’expérience plus positive pour tous!
Exposés oraux : adapter sans pénaliser
En vérité, la bonne question à se poser pourrait bien être la suivante :
est-ce que tout le monde devrait être obligé de faire un exposé oral? À cette question, ma réponse est : non. Je sais que plusieurs parents d’enfants ayant des besoins éducatifs spécifiques aimeraient que leur enfant soit exempté de certains types d’évaluation. Je pense que les méthodes d’évaluation peuvent et doivent être adaptées aux élèves qui ont un plan d’intervention en ce sens et ce, sans aucune pénalité.
En résumé
- Percevoir l’exposé oral comme une opportunité
- Se souvenir que sortir de sa zone de confort peut être très révélateur
- Cibler ce qui rend l’élève inconfortable
- Adapter le défi à l’élève pour l’aider à apprivoiser son stress
- Démystifier les peurs et le stress
- Dédramatiser tout en restant à l’écoute des besoins
- Faire vivre une expérience positive
- Valoriser les apprentissages réalisés
- Témoigner de notre confiance qu'il relèvera ce défi
Alors, pourquoi ne pas dire au revoir au cauchemar et accueillir l'opportunité ?!?