Le lien d'attachement quand on adopte

Définition

Le lien d’attachement n’est pas simple, même lorsque les parents sont biologiques, alors imaginez le défi lorsqu’on adopte un enfant! Je vais donc tenter de vous décrire en quelques lignes, et bien humblement, ce qu’est un lien d’attachement sain et sécurisant pour mieux comprendre toutes les adaptations de l’enfant adopté. Travailler à un attachement ou des attachements après la perte et l’abandon, ce n’est pas si simple…

Un lien d’attachement sain est ce qui aide l’enfant à se sentir aimé à travers ses relations, principalement avec ses parents. L’enfant apprend que ses parents sont disponibles pour lui donner de l’affection, le sécuriser s’il a peur ou le réconforter lors d’une peine. Les attachements sont des modèles de relation d’amour et pour y arriver ça prend des parents stables, sensibles, aimants et fiables. L’attachement se manifeste comme une danse, ça prend une réciprocité et une bonne synchronisation.

L’attachement sécurisé se développe normalement dans la première année de vie de l’enfant. C’est ici que la réponse des parents importe, ils s’accordent au tout-petit pour satisfaire à ses besoins. L’enfant apprend que ses parents lui apportent la sécurité requise pour un développement optimal.

Compromis

Quelques situations peuvent interrompre ce cycle de l’attachement, cette danse réciproque d’un amour inconditionnel. Voici quelques exemples :

  • la séparation des parents
  • l’adoption après qu’un attachement à une autre figure parentale soit survenu
  • l’exposition prénatale aux drogues et à l’alcool
  • les problèmes de santé mentale
  • la négligence ou toute forme de maltraitance
  • l’hospitalisation du parent ou de l’enfant, pendant laquelle l’enfant perd le contact avec son parent
  • et certainement plusieurs autres possibilités!

LES TÂCHES

Premiers instants

Des tâches attendent les nouveaux parents afin de favoriser un attachement sain et d’encourager les réponses appropriées aux besoins de l’enfant. On doit apprendre à nourrir les besoins de base avec cohérence et sensibilité. Par exemple, la prévisibilité, la routine pour les changements de couche, pour les dodos et les bains, la prévisibilité pour les jeux et les interactions parent/enfant sont des moyens pour développer un lien tout en permettant une sécurité chez le petit. D’ailleurs, ce ne sont pas seulement ces attitudes et stratégies qui vont permettre de valoriser notre enfant adopté, il faut également compter sur une réciprocité afin que l’enfant sache que ses parents sont disponibles tout en leur offrant une réponse (sourire, babillage, accepter de se laisser bercer).

Les premières tâches sont surtout affectives et amènent l’enfant à s’adapter dans un monde prévisible et à signaler quand il a des besoins. Les parents  fournissent ainsi un environnement adéquat et démontrent à leur enfant qu’il peut avoir confiance. Le contact peau à peau est une façon très belle de « nourrir » notre enfant adopté, prendre son bain avec lui (sauf s’il a été abusé sexuellement on peut alors porter un maillot de bain), le bercer et avoir des contacts visuels fréquents.

Au départ on peut se limiter dans nos sorties, question d’éviter les nombreux visages qui pourraient insécuriser l’enfant. On suggère même jusqu’à ne pas laisser le bébé qui vient d’arriver dans son nouveau foyer à des étrangers et à la famille. Il aura le temps de grandir et de se faire cajoler par plein de gens éventuellement! L’enfant a absolument besoin de stabilité dans les figures parentales, on tente de prévenir les gens que notre enfant risque d’être collé à nous pendant un bon moment! Si l’enfant a une tendance à être plutôt passif ou à vouloir rester seul, on essaie plus longtemps de garder son attention pour restreindre les moments où il est seul (ce qu’il serait préférable de restreindre le plus possible!).

Un enfant qui se développe bien dans les premiers temps réussira à se calmer la plupart du temps avec l’intervention de son parent, il préfèrera être avec sa famille plutôt que seul et il sera en mesure de se blottir contre ses parents. Les sourires font partie des stratégies utilisées par le bébé pour communiquer.

Idéalement on consacre un bon six mois de sa vie à s’occuper de façon régulière de ce tout-petit en étant disponible affectivement et en comblant ses besoins de base généreusement. On suggère aussi de ne pas quitter l’enfant la nuit et de restreindre le temps passé en garderie ou avec une tierce personne.

Deuxième temps

L’enfant grandit et a besoin de nouvelles façons de communiquer. L’enfant a un peu grandi, il n’en est pas moins encore très vulnérable. L’idéal est de continuer les tâches en ayant un des deux parents très disponibles, en évitant de laisser son enfant à la garderie de nombreuses heures et en demeurant stable.

Le portage est un excellent moyen de garder un contact quasi permanent, il aide aux caresses spontanées. On raconte que les joues sont des zones sensibles favorisant l’attachement, on ne se gêne pas pour les caresser. C’est le moment de faire des séances de photos dans les moments de câlinage, on en fait un album, on tapisse les murs de ces photos et on les regarde souvent avec notre enfant. Il remarquera toute l’importance qu’il a pour vous.

A ce stade, on privilégie encore la parentalité exclusive, car c’est le temps où l’enfant commence à percevoir qu’il a quelqu’un de fiable pour se rassurer en cas de besoin. Les jeux sont intéressants, mais on est encore dans une période sensible à un maternage de proximité.

Troisième période

L’enfant a entre 18 et 24 mois en général à ce moment-ci. Cependant, il est fort probable que votre enfant adopté atteigne cette étape plus tard si la vulnérabilité est très présente et encore palpable. Maintenant, on commence à instaurer des petits rituels, on émet quelques règles ou limites cohérentes, on démontre à notre enfant à quel point il est bon en mettant l’emphase sur les états affectifs positifs. Le renforcement positif fonctionne bien, on peut utiliser certains outils comme les petits tableaux avec collants pour montrer à quel point notre enfant est merveilleux!

Souvent les parents commencent à prévoir leur retour sur le marché du travail. La garderie devient souvent nécessaire, mais quand cela est possible on retarde cette entrée puisque le maternage fait partie des astuces adaptées pour augmenter encore nos chances d’un attachement sécurisant. Les stratégies utilisées lors des phases précédentes sont encore très valables.

Lorsque l’enfant a été carencé en matière d’alimentation, il est souhaitable que le menu de l’enfant soit composé d’aliments qu’il aime beaucoup. On peut même laisser un plat de fruits sur la table afin que l’enfant ait accès à de la nourriture saine en tout temps. On conserve des conséquences qui ne soient pas douloureuses pour l’enfant si un mauvais comportement surgit, donc pas de punitions physiques ou d’isolement.

Quand on parle de parentage ou de maternage, il ne faut jamais oublier de materner les parents adoptifs également. L’énergie demandée pour subvenir aux nombreuses demandes de l’enfant sont exigeantes tant physiquement que mentalement. La santé des parents passe par le soutien familial et le réseau social.

Et c’est le but!

Plus l’enfant grandit, plus il peut se tourner vers l’extérieur et faire confiance aux étrangers. Tout n’est pas nécessairement gagné, mais disons que leurs apprentissages peuvent se transférer dans des contextes sociaux comme la garderie et l’école. Maintenant on peut plus facilement accepter de la grande visite qui, avant ce temps, aurait déstabilisé le petit.

Il est grand temps de s’ouvrir sur le monde, on remarque que l’enfant apprend beaucoup par observation. On aide notre petit à avoir des initiatives en l’encourageant dans ce sens. On peut commencer à lui apprendre à verbaliser ses sentiments. On poursuit notre travail de caresses et de câlins, ça fait partie des tâches exigées pour développer cet attachement aux parents. Les échanges visuels demeurent primordiaux et la proximité est encore de mise.

Le lien d’attachement se développe souvent harmonieusement; cependant plusieurs défis peuvent parsemer le cours d’une vie d’un enfant adopté tels que des handicaps, des problèmes de santé physique, des troubles d’apprentissage ou un TDAH, des retards de développement et autres difficultés.

Comme parent, adoptant nous devons absolument prendre en compte plusieurs facteurs avant même penser adopter. Développer un lien sécurisant demande une grande part d’humilité des parents et une acceptation de la vulnérabilité de ce petit être qui ne demande qu’à être aimé.

Les problèmes d’attachement peuvent être significatifs, au point de rendre le quotidien particulièrement houleux pour des parents qui ne seraient pas prêts. De plus en plus au Québec on demande aux parents qui souhaitent adopter de suivre une formation afin que leur choix soit éclairé quant à ce désir de donner une famille à un enfant (et non d’avoir un enfant pour former une famille!!!).

L’adoption s’avère souvent une merveilleuse aventure, quand on prend le temps on met toutes les chances de notre côté pour arriver à bon port!

Pascale Pouliot

Éducatrice spécialisée - Membre du Réseau Nanny secours 2011-2012. BESOIN D'UNE CONSULTATION?

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