L’encoprésie : comment soutenir votre enfant ?

L’encoprésie :  comment soutenir votre enfant ?

L’encoprésie est une fuite de selles dans des endroits inappropriés (ailleurs qu’aux toilettes) après l’âge de 4 ans, au moins une fois par mois depuis 3 mois ou plus.  Elle peut être primaire, c’est-à-dire sans que la propreté n’ait été acquise ou encore secondaire, lorsqu’elle survient après une période de propreté où il n’y a eu que quelques incidents.  Dans la majorité des cas, elle peut être reliée à une rétention des selles causant un étirement des sphincters anaux et une désensibilisation de la région qui empêche le signal de l’envie de déféquer de se rendre au cerveau.  Cette condition survient souvent lorsque l’enfant a vécu une forte constipation ayant occasionné une selle très dure et douloureuse à faire passer.  Celui-ci peut alors avoir peur de refaire  une selle et se retenir, entraînant à nouveau une constipation… et le cercle vicieux s’installe.  Mettre fin à ce cercle sans fin est un défi en soi, d’autant plus que l’enfant est jeune. Mais avec un traitement médical approprié, le sphincter retrouvera son tonus, les craintes passeront, et tôt ou tard, la situation se rétablira.  Par contre, si l’encoprésie survient sans qu’il n’y ait de rétention des selles, la cause étant plutôt mécanique, l’enfant aura peu de pouvoir sur la résolution de la situation.  Par contre, tous les conseils visant à soutenir son développement à travers cette condition s’appliquent à lui.

En résumé, l’encoprésie est donc un problème d’ordre physique qui a possiblement des causes psychologiques et fort probablement des répercussions au niveau social et émotif, tant chez l’enfant lui-même que…  chez ses parents !  Voici donc quelques pistes à explorer afin de mieux vivre la situation.

Accompagner, dédramatiser, responsabiliser et valoriser : 4 clefs pour traverser l’épreuve

Votre enfant a assurément besoin de votre soutien et de votre compassion.  Écoutez ce qu’il vit s’il se sent honteux ou s’il se sent en colère de ne pas arriver à contrôler ses selles (surtout s’il y arrivait auparavant).  Reformulez ce qu’il exprime pour qu’il se sente compris et laissez-le vider son sac au besoin. Au contraire, il arrive que les plus jeunes n’éprouvent aucune gêne puisqu’ils ne sont pas conscients du dégoût que le fait de faire une selle dans sa culotte entraîne.  Ne tentez pas de lui faire ressentir la honte pour le motiver à aller à la selle : son estime de lui est fragile et la honte n’est jamais une fondation solide pour développer sa personnalité et acquérir de nouvelles habitudes.  S’il vous demande de l’accompagner pour aller à la selle, faites-le pour un certain temps.  Attention toutefois de ne pas tomber dans l’excès en restant à ses côtés durant de grandes périodes : il pourrait y gagner beaucoup d’attention en ne réglant pas le problème !  Et tant qu’il y gagnera quelque chose, ne serait-ce que de l’attention négative, il se pourrait qu’il ne trouve pas d’intérêt à régler le problème…  Offrez plutôt votre soutien quelques minutes, puis partez faire autre chose, quitte à revenir un peu plus tard. Si l’enfant a fait l’association selle = douleur suite à une constipation importante, il peut être très aidant de créer une association positive à la selle.  Un traitement de la constipation à l’aide de médicaments prescrits par un médecin facilitera le passage des selles et empêchera l’enfant de se retenir jusqu’à ce que la selle soit dure.  Il expérimentera alors une selle non douloureuse.  Vous pouvez alors lui demander de dessiner comment il se sent lorsqu’il fait une selle facilement ou de choisir un symbole de ce qu’il ressent (image ou objet).  Par exemple, s’il se sent léger comme une plume, il peut choisir une plume comme symbole qu’il placera dans un endroit de son choix où il pourra la voir souvent.  Ensuite, encouragez-le à se visualiser en ayant toujours de la facilité à faire ses selles.  Ne forcez pas, mais utilisez son imaginaire pour changer ses perceptions.  Vous pourriez même lui inventer un conte à partir d’un petit animal qui avait peur de faire « caca » et qui a réussi à régler son problème !  Pas besoin d’être un auteur à succès : les enfants adorent qu’on leur improvise des histoires sur les sujets qui les concernent directement ! Ensuite, il est important de dédramatiser la situation.  Voir souffrir son enfant est toujours difficile, mais pour résoudre un problème d’encoprésie, il faudra du temps et par conséquent, de la patience.  Mettez le minimum d’attention sur la question des « cacas » à chaque jour.   Souvenez-vous que c’est le problème de votre enfant et ce, même s’il n’a malheureusement pas tout le contrôle pour le résoudre étant donné que c’est aussi un problème d’ordre médical.  Votre travail est de l’accompagner et le soutenir, et non de tout faire pour lui. Il arrive que les parents mettent une énergie folle pour aider l’enfant et l’encourager à faire une selle, alors que celui-ci refuse de participer pour régler son problème.  Ce peut être par manque d’intérêt tout simplement, mais ce peut aussi être de l’opposition passive, c’est-à-dire qu’il utilise ce moyen pour s’affirmer en refusant de faire ce qu’on attend de lui plutôt qu’en se rebellant.  Dans ces situations, il pourrait être pertinent de se demander si un des deux parents a une attitude contrôlante qui pourrait être à l’origine de ce besoin de s’affirmer passivement.  Un enfant qui souhaite inconsciemment reprendre du pouvoir utilisera soit l’alimentation, le sommeil ou l’évacuation pour s’affirmer puisque ses parents ne peuvent avoir un pouvoir que très limité sur ces 3 domaines.  Répondre autrement à son besoin de s’affirmer pourrait diminuer l’attitude d’opposition-passive et remettre l’enfant en démarche vers des solutions.   Notez que ce comportement est inconscient et qu’il ne cherche pas volontairement à provoquer, mais plutôt à combler son besoin de faire ses propres choix.  L’impatience et la pression risquent donc d’augmenter le comportement, sans que l’enfant comprenne pourquoi.  Offrez-lui des occasions de faire des choix, quitte à ce qu’il se trompe et en assume les conséquences. En ce sens, responsabiliser l’enfant est autre une voie à explorer.  On peut songer à lui faire laver ses culottes, non pas pour le punir ou l’humilier, mais bien pour qu’il vive les désagréments de sa situation afin de le motiver à adopter des habitudes qui pourront l’aider à la résoudre.  Bien souvent, il faut que les désagréments soient plus importants que l’attention gagnée par le comportement pour que la personne songe à modifier ses habitudes.  Et on constate la même chose chez les adultes : combien de personnes attendent de faire un arrêt cardiaque pour modifier leurs habitudes de vie ? Vous pouvez aussi établir une routine qui inclut un moment fixe pour aller à la selle chaque jour.  Vous pouvez récompenser son autonomie lorsque de lui-même, il respecte sa routine, et ce, qu’il ait fait une selle ou non. Exemple :  offrir un collant chaque fois qu’il va s’assoir sur la toilette pendant 15 minutes (ou jusqu’à ce qu’il ait fait une selle) après le déjeuner, et offrir un privilège (jeu de société seul-à-seul avec un parent, promenade à vélo de 15 minutes, choisir le film du vendredi soir ou tout autre privilège qui le motive et qui implique la présence d’une personne plutôt qu’une babiole à 1$) après 5 collants.  Notez ici que peu importe le résultat (la selle) : on récompense une habitude aidante, soit d’aller à la toilette à un moment fixe chaque jour Si après 2 semaines, l’enfant n’a pas augmenté la fréquence de ses selles malgré cette nouvelle habitude, pensez à récompenser d’un collant le fait de s’assoir sur la toilette et de 2 collants le fait d’y faire une selle.  Instaurer une nouvelle habitude demande au moins 21 répétitions consécutives, soyez donc persévérants. Finalement, valoriser l’enfant dans d’autres aspects de sa personnalité et mettre l’emphase sur ce qu’il réussit est toujours important dans l’éducation d’un enfant, mais ces attitudes deviennent primordiales dans les cas d’encoprésie, puisque l’estime de soi est souvent mise à rude épreuve tôt ou tard.   Misez sur le plaisir d’être en famille et faites peu de cas de ce problème, tout en demeurant à l’écoute et bienveillant. En conclusion, innovez !  Tentez de nouvelles façons de faire et accordez de l’importance au problème sans le nourrir d’attentions démesurées.  Si vous vous questionnez à savoir si vous en faites trop ou pas assez, ou si vous souhaitez obtenir l’avis d’un spécialiste des questions éducatives et des relations familiales, n’hésitez pas à faire appel à un coach familial du réseau Nanny Secours. Parce que parfois, quelques ajustements peuvent apporter de grands changements !
Manon Gauthier - Éducatrice spécialisée

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu la conviction que chaque être humain portait au fond de lui un trésor unique qui ne demandait qu’à s’épanouir si l’environnement le permettait. J’ai donc commencé mon parcours il y a 30 ans (déjà !) en tant que technicienne en éducation spécialisée, et depuis, je ne cesse d’apprendre et de découvrir de nouvelles approches qui nourrissent ma pratique (PNL, hypnose, Process communication, etc).

Ayant travaillé plusieurs années en milieu scolaire auprès d’élèves de 6 à 16 ans présentant des troubles graves du comportement, j’ai commencé à offrir mes services en tant que coach familial en 2013 et à donner de nombreuses formations à différents professionnels en milieu scolaire, en CPE et dans différents organismes qui offrent des services auprès des enfants, des adolescents et des familles.

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Manon Gauthier - Éducatrice spécialisée
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