Au Québec, de nombreux enfants d’âge scolaire présentent une problématique au niveau des apprentissages (gouvernement du Québec, 2003). Les impacts sont si importants au plan socio-économique que nos dirigeants aidés des parents, enseignants et professionnels se questionnent sur les causes. Ils veulent comprendre et trouver des solutions afin de prévenir et soutenir ces enfants qui ont pourtant une si grande volonté d’apprendre.
Diverses problématiques peuvent être en cause. Toutefois, l’une des plus fréquentes est le problème de langage. Vous vous demanderez sûrement en quoi le langage est important aux apprentissages scolaires. Et bien, afin de répondre à cette question, il est nécessaire à priori d’expliquer brièvement ce qu’est le langage. De façon générale, le langage est non seulement la capacité d’une personne à s’exprimer, mais aussi à comprendre afin de pouvoir interagir socialement avec ses interlocuteurs. Donc, en quoi parler et comprendre influence t-il les apprentissages scolaires? Et bien, la lecture et l’écriture sont aussi du langage, mais en code écrit. Lorsqu’un enfant lit une histoire, il doit comprendre ce qu’il lit de la même façon que s’il se faisait raconter l’histoire par son enseignant. Lorsqu’il doit résoudre un problème mathématique, il doit comprendre les informations qu’on lui fournit afin de trouver les bonnes opérations à effectuer. Lorsqu’il écrit une histoire, il doit structurer ses idées et sa pensée de la même façon que s’il la racontait à ses parents.
Il existe diverses problématiques langagières dont plusieurs sont bien connues tel que la dysphasie, la dyslexie et la dyspraxie orale. Il est important de se rappeler que les enfants dont les difficultés sont sévères sont facilement identifiés en bas âge grâce au travail de nos éducateurs, intervenants et médecins. Par contre, les enfants dont les difficultés sont légères et plus subtiles sont moins bien dépistés et les répercussions apparaissent plus tard lorsqu’ils fréquentent l’école. Peu importe la problématique, les enfants qui présentent des faiblesses au niveau du langage sont à risque d’éprouver des difficultés puisque la lecture, la compréhension et l’écriture se retrouvent dans toutes les matières académiques, même en éducation physique. Est-il donc possible de dépister tôt les enfants ayant des difficultés légères de langage et ainsi éviter que celles-ci nuisent aux apprentissages scolaires? Et bien oui, c’est possible et ce dès le préscolaire. Il faut toutefois se rappeler que même si un enfant présente des indices de difficultés, il est impossible de déterminer avec certitude s’il aura ou non des problèmes avant qu’il ne soit confronté aux apprentissages plus formels. Le cheminement scolaire d’un enfant sera influencé non seulement par ses forces et faiblesses personnelles, mais aussi par son environnement et les conditions d’apprentissages dans lequel il se trouvera.
Quels sont donc les indices langagiers auquel il faut porter une attention particulière? Ils se divisent majoritairement en deux catégories; le langage expressif (expression) et le langage réceptif (compréhension).
Concernant le langage expressif, un premier élément à considérer est la capacité de l’enfant à trouver facilement ses mots. En effet, cet aspect est très important et nous permet de prédire si un enfant retrouvera rapidement ou non une information stockée dans sa mémoire telle que les lettres et les chiffres. Un enfant qui s’exprimera fréquemment avec des mots imprécis (ça, truc, chose, affaire…) sera plus à risque de présenter une difficulté à retrouver rapidement les informations qu’il apprendra. Le second élément à considérer est l’intelligibilité de l’enfant. Est-ce qu’on le comprend bien quand il parle? Est-ce qu’il produit tous les sons de sa langue? Produit-il des longues phrases? A-t-il de la difficulté à dire des mots longs (plus de quatre syllabes)? Le fait de ne pas maîtriser un de ces aspects après l’âge de 5 1/2 ans reflète souvent une difficulté interne à reconnaître, manipuler et saisir les différents éléments d’une langue. Par contre, il faut savoir que certains enfants présentent des faiblesses à ce niveau, mais que l’origine du problème est plutôt motrice et non langagière. Ils seront donc moins à risque. Le troisième élément à considérer est la structure des phrases de l’enfant. Si à son entrée en maternelle il éprouve de la difficulté à ordonner ses mots et que vous notez que par rapport à ses pairs, il ne fait pas des aussi belles phrases qu’eux, il faut se questionner. En effet, les capacités de morphosyntaxe (phrases) sont aussi importantes pour écrire des phrases et des textes dès la première année. Par contre, vous devez savoir que le développement de la morphosyntaxe se fait jusqu’à l’âge adulte et donc qu’il est normal qu’un enfant de 5 ans fassent encore des erreurs (ex: ils sontaient, … à les adultes…). Le dernier élément au niveau expressif à considérer est la capacité de l’enfant à raconter et organiser facilement ses idées. Les enfants de cinq ou six ans ne pouvant raconter clairement leur journée ou bien un événement qui vient de survenir sont à risque d’éprouver de la difficulté à bien organiser et structurer les textes qu’ils écriront dans le futur.
Concernant le langage réceptif, les éléments à considérer sont vastes. Est-ce que l’enfant comprend beaucoup de mots? Comprend-il divers concepts (ex : en arrière/le plus/grand/après)? Saisit-il aisément les consignes longues? Faut-il répéter souvent ? Comprend-il les devinettes? Puisque la finalité de la lecture est de comprendre ce que l’on lit, les enfants présentant une faiblesse de compréhension verbale sont hautement à risque de ne pas réussir les compréhensions de texte que leur donneront leurs enseignants.
En tant que parent, vous êtes les personnes qui connaissez le mieux votre enfant. Si vous avez le moindre doute concernant le développement du langage de votre enfant, faites-vous confiance et n’hésitez pas à consulter une orthophoniste qui répondra à vos questions et vous guidera.
Le blogue orthophonie a été créé en 2010 par Céline de Brito, Brigitte Chaput et Marie Plourde, toutes trois orthophonistes. En 2012, elles ont décidé de le transformer en portail afin que tous les parents et intervenants œuvrant auprès des personnes présentant de près ou de loin un trouble de la communication retrouvent un maximum d’information sur le sujet. Elles ont aussi créé livres et jeux sur la stimulation du langage, Les Jeux de Bri-Bri (www.bribri.ca).