L'impact d'une estime de soi excessive sur l'empathie et le développement social

La quête de l’estime de soi chez nos enfants : équilibre et limites

Les valeurs de la société versus celles des parents

J’ai récemment relu un article de Mounir H. Samy paru dans la revue Prisme. Bien que publié il y a plusieurs années, cet article aborde un sujet encore pertinent : les valeurs prônées par la société en contraste avec celles que les parents souhaitent inculquer. Mounir H. Samy pointe deux obsessions sociétales très valorisées : la recherche constante de l’estime de soi et l’accent mis sur les droits individuels.

Quand l’estime de soi devient une pression sociale

À travers ce texte, je partage certaines opinions de l’auteur et des exemples concrets illustrant cette quête absolue d’estime de soi et ses répercussions. En tant que psychiatre et psychanalyste, Mounir H. Samy relate des anecdotes qui illustrent comment cette survalorisation de soi peut déformer la perception des droits et des devoirs chez les jeunes.

L'importance de l’équilibre : ni trop, ni trop peu

Nous accordons une grande importance à l’estime de soi, particulièrement pour nos enfants, mais jusqu’où aller? Si la dévalorisation est évidemment néfaste, un excès d’estime de soi peut aussi avoir des effets négatifs. Selon Samy, la survalorisation peut compromettre le développement de l’empathie, de l’humilité et de la modestie. Notre société valorise au contraire la compétitivité et l’individualisme, accentuant la pression sur les parents qui tentent d’enseigner des valeurs opposées.

Un amour inconditionnel pour une estime de soi saine

Un véritable sentiment de valeur personnelle, selon Samy, ne repose pas sur la compétitivité, mais sur le sentiment d’être aimé inconditionnellement. À cela s’ajoute la revendication des droits personnels, parfois excessive, qui pousse les jeunes à réclamer des privilèges comme des droits inaliénables. Par exemple, un adolescent a reproché à ses parents de ne pas lui acheter une voiture, estimant qu’il en avait droit.

Éducation permissive : quand les limites s'effacent

Ces anecdotes montrent bien les conséquences d’une éducation trop permissive, où l’équilibre entre droits et responsabilités n’est pas établi. Ce rôle d’encadrement est crucial pour les parents : il est nécessaire de tracer la limite entre la négociation et les limites fermes.

Redonner du pouvoir aux enfants sans excès

Il n’est pas question de revenir à une éducation rigide. L’idée est de donner à l’enfant le pouvoir qui lui revient sans excès, en lui apprenant dès son plus jeune âge à gérer ses frustrations. En équilibrant encouragements et corrections, les enfants apprennent à reconnaître leurs forces et faiblesses. Par exemple, un enfant mécontent de son dessin pourrait entendre : « Tu n’aimes pas ton dessin ? Qu’est-ce qui te déplaît ? La prochaine fois, tu pourras essayer différemment. »

Trop, c’est comme pas assez

En fin de compte, une estime de soi saine repose sur un équilibre entre l’encouragement et les limites. Si reconnaître les réussites de nos enfants est essentiel, une survalorisation excessive peut nuire à leur capacité d’empathie et de résilience. Il s’agit donc de doser les éloges et d’inculquer des valeurs basées sur le respect, l’humilité et l’amour inconditionnel, sans pour autant faire de l’enfant le centre absolu. Ainsi, en cultivant cette estime de soi équilibrée, nos enfants pourront grandir en confiance tout en développant leur sens des responsabilités et des réalités qui les entourent. Trop, c’est comme pas assez ; seul un juste milieu leur permettra de s’épanouir pleinement.

Ce texte a été inspiré par l'article suivant : Enfance, famille et société - Le mythe de la réalisation personnelle, Mounir H.Samy, Revue Prisme #29, 1999, pages 24 à 40.