Être coach familial c'est aider au maximum les familles et ce, dans toutes les circonstances. Quand on est coach dans l’âme, il faut savoir s'adapter et prendre la parole malgré nos propres émotions. C'est pourquoi en ce jour, si dur soit-il, il me semble primordial de lâcher sur le papier, une trame de réflexion pour outiller les parents qui auront à répondre aux questions des enfants et à les accompagner dans leurs inquiétudes. Comment en parler ? Quels sont les mots nécessaires ? Comment savoir l’impact qu’ont sur eux ces événements qui se répètent durant la même année ? Comment savoir s’il commence à inscrire en eux, une fragilité, une sensibilité à tout ce qui est véhiculé ? Comment ne pas créer involontairement des inquiétudes ?
Premièrement, il faut savoir s'adapter à vos loulous. Je pense qu'il n'est pas nécessaire d'en parler de long en large avec eux, mais qu’il est important de les informer minimalement sur ce qui s'est passé à Paris en décrivant les faits (en tenant compte de leur âge) : "Plusieurs personnes ont tué beaucoup d'autres personnes." "Ils veulent imposer leurs idées par la force", etc. Et il est primordial, de leur laisser la porte ouverte à la discussion en les questionnant brièvement sur ce qu'ils ont compris et s'ils souhaitent en parler.
Dans ce type de situation, votre posture et votre attitude auront une grande importance. Être ouvert et réellement présent lorsque vos enfants viendront vous questionner, sera déjà un bon départ. Ensuite, en mettant de côté ce que vous vivez, il sera intéressant de les observer et de les laisser se livrer à vous: "On dirait que ça te fait peur, tout ce qui se passe... ". Laissez-les ensuite continuer à vous parler et surtout, accueillez au mieux ces paroles et ressentis, en rectifiant lorsqu'ils n'ont pas compris.
Mais finalement quoi leur dire ?
Tout d'abord, je crois qu'il est nécessaire d'être authentique avec vos enfants et d'expliquer vos sentiments sans pour autant les noircir ou les cacher. Bien sûr, tout cela nous bouleverse et nous rend tristes. Il est possible qu’on soit abasourdi par autant d'actes terroristes. On a le droit en tant qu'adultes de ne pas comprendre les idées de ces extrémistes. De toutes façons, vos enfants ont bien senti ou même pu voir la charge émotive que vous portez, mais aussi celle de la famille, ou des personnes qui en parlent à la télévision... Mieux vaut donc leur expliquer.
Pour les plus petits, parlez de manière simple, sans avoir besoin de vouloir tout expliquer dans les détails et surtout sans utiliser des mots trop lourd de sens, "barbarie", "atrocité", "cruauté", "inhumain", "fou", "sauvages"....
Pour les rassurer, vous pouvez leur expliquer concrètement ce que ça va changer ou non dans leur vie à eux, au quotidien. Prenez un moment pour discuter de quelles habitudes seront les mêmes et lesquelles changeront : « Ne t'inquiète pas, le matin c'est toujours maman qui t'emmène à l'école. », « Le midi c'est nounou qui te récupèrera pour aller manger et faire la sieste chez elle jusqu'à ce que papa arrive.», « Le week-end on continuera à t'emmener à tes tournois de foot. » « Pendant les vacances, on va tous fêter Noël avec Papi et Mamie comme on avait prévu ».
Vous pourriez aussi parler de ce qui pourrait changer en dehors du quotidien : si vous êtes à l'aise et que le ton que vous emprunterez ne trahit pas d’inquiétudes, le message sera plus clair pour vos enfants et les réconfortera naturellement. « Tout cela va peut-être modifier des petites choses lorsqu'on prendra le train pour aller en vacances : on verra plus de policier, et ils pourront sans doutes nous demander nos pièces d'identités ou faire ouvrir nos valises. Mais on restera ensemble tranquillement et comme d'habitude, on passera un bon moment à la mer tous ensemble ». Le fait d'évoquer leur quotidien avec peu de changements et surtout de leur présenter de manière claire, permettront à vos enfants de voir que tout cela est normal.
Aussi, pour les plus grands (10 ans et plus), il serait bon de leur montrer à quel point des gens et des organismes de partout dans le monde offrent leur soutien à la France. Cela aura pour effet d’éviter d'implanter l'idée que nous sommes seuls face à tout cela. Vous pourriez utiliser l'exemple de la manifestation pour défendre notre liberté d'expression dans les rues de Paris, suite à l'attentat contre Charlie Hebdo. Ou encore, démontrez-leur le nombre important de rassemblements au niveau mondial et les symboles de soutien manifestés dans le monde entier tels que l'Empire State Building et la Maison Blanche qui s'allument en bleu blanc rouge.
En parlant du monde entier, cela permettra à votre enfant de globaliser la situation et de sentir que la France n’est pas seule face au terrorisme. Cela lui permettra de mettre de la distance et "d'éloigner" la confrontation directe entre "les méchants" et "nous" ! Il faut aussi leur préciser que même si les actes terroristes existent, ils sont quand même assez isolés et que cela reste un événement exceptionnel.
Enfin, il sera important de parler concrètement de ces terroristes puisqu’il serait vraiment inquiétant pour un enfant d'envisager qu'à chaque moment ou coin de rue on peut tomber sur un l’un d’eux ! Il est donc important de démystifier ce mot et lui donner un sens. L’important est de ne pas donner aux enfants une vision trop insécurisante du monde, sans pour autant leur effacer tout ce qui s'y passe.
Expliquez (encore une fois pour les plus grands de 10 ans et plus), que dans notre société beaucoup de personnes pensent différemment. Certains, au nom de leurs croyances, en deviennent même "dysfonctionnels", au point de commettre des choses impensables pour nous. Mais au fond, depuis toujours, beaucoup de personnes ont fait du mal en croyant que leurs idées étaient les "meilleures" (on peut évoquer l'histoire brièvement) et que la religion a souvent été la base de multiples conflits. Peu importe les raisons, religion ou non, c'est avant tout de la violence que l'on ne veut plus. On a le droit d'avoir des idées différentes... mais chacun doit s'exprimer sans violence.
Vous avez des questions ? N’hésitez pas à consulter un professionnel pour vous soutenir dans l’accompagnement de vos enfants !