Bonjour,
Je m’appelle Priscilla. J’ai un petit garçon de 2 ans. Avec son père nous rencontrons des difficultés en ce moment : il ne veut plus dormir seul dans sa chambre, il lutte contre le sommeil, il ne veut dormir qu’avec nous. Quand il arrive à s’endormir dans son lit il se réveille en pleine nuit en hurlant pour que l’on vienne le voir, et la plus part du temps il fait des cauchemars. Cela fait plusieurs semaines que ça dure maintenant et nous sommes dans le flou, on ne sait plus quoi faire. Il a pourtant un rituel le soir, on lit une histoire avant de dormir, on dit bonne nuit aux peluches, on fait le bisou et normalement c’est dodo. Mais maintenant, même l’histoire ne l’intéresse plus !
Nous avons essayé de le laisser pleurer et d’aller le voir au bout de 5, puis 10, puis 15 minutes… Mais cette méthode ne marche pas avec lui. De plus, en journée il commence à nous faire de grosses colères pour un oui et pour un non. Nous avons du mal à le calmer.
Pouvez-vous nous conseiller afin que nous retrouvions une vie de famille un peu plus calme et que notre enfant puisse se sentir bien ? Il reste un petit garçon très souriant et heureux de vivre, mais le moment de la sieste et du coucher le soir à l’air d’être quelque chose d’horrible pour lui et nous souhaiterions qu’il se sente mieux et en harmonie avec le fait de dormir.
Dans l’attente de votre réponse, je vous souhaite une agréable journée.
Cordialement.
Priscilla.
Bonjour Priscilla!
J’ai envie de commencer par vous demander, comment vous portez-vous? Le manque de sommeil est effectivement difficile, que ce soit pour un enfant ou un adulte! Un enfant de l’âge de votre fils a besoin d’environ 12 à 14 heures de sommeil par jour, incluant les siestes d’après-midi.
D’ailleurs, je soupçonne que son manque de sommeil a fort probablement un impact sur le niveau et la durée de ses crises le jour…et en soirée. En effet la qualité de notre sommeil influe directement sur quantités de glandes dans notre cerveau dont l’amygdale, qui nous aide à gérer nos émotions.
Je tiens à vous dire que j’apprécie toutes les techniques que vous mettez en place pour votre petit garçon et que votre focus est sur le fait qu’il se sente bien.
J’apprécie tout particulièrement que vous fassiez déjà une chose fort importante pour le sommeil de votre enfant : avoir une routine bien établie! C’est tout à votre honneur. Il s’agit en effet d’un des éléments ayant beaucoup d’impact sur le sommeil de l’enfant.
Regardons ensemble quelques autres facteurs qui pourraient jouer sur sa capacité à s’endormir et rester endormi le soir. Comment se passe toute la routine précédent celle du dodo? Par exemple :
- Votre enfant a-t-il le temps de dépenser son énergie?
- A-t-il suffisamment de temps pour digérer entre le souper et son heure de coucher?
- Jusqu’à quelle heure peut-il écouter la télévision?
- Vers quelle heure montre-t-il des signes d’endormissement?
- Est-ce que l’apparition de ces signes correspond à son heure de coucher actuelle?
- Est-ce que les jeux précédents la routine du coucher sont plutôt actifs ou plutôt calmes?
- La période de sieste l’après-midi se fait-elle assez tôt pour laisser suffisamment de temps entre la fin de la sieste et l’heure du coucher?
- Le tempérament de votre enfant
- Est-il plutôt actif ou plutôt calme?
- Exprime-t-il des peurs face à sa chambre?
- A-t-il de la difficulté avec les séparations en général, quel que soit le moment de la journée?
- La fréquence et les gains possibles de ce comportement
- Votre enfant se réveille-t-il toujours à la même heure? Si oui, est-ce que cette heure précise correspond à un événement en particulier (ex : couche souillée, heure de votre coucher, cauchemar?)
- Combien de fois par nuit se réveille-t-il lorsqu’il dort seul?
- Comment votre conjoint et vous avez réagi jusqu’à présent?
- Réagissez-vous toujours de la même manière?
- Est-ce déjà arrivé qu’il réussisse une nuit dans son propre lit? Si oui, quelle a été votre réaction à ce moment précis?
- Qu’est-ce qui est plus payant pour lui selon-vous?
- Les événements particuliers qu’auraient pu vivre votre enfant récemment.
- Changement de garderie ou d’éducatrice.
- Maladie d’un proche ou de l’enfant même.
- Venue d’un petit frère ou d’une petite sœur.
- Changement d’horaire de travail d’un des parents, le rendant moins disponible qu’auparavant.
Une fois que vous et votre conjoint aurez considéré les facteurs nommés précédemment, voici quelques solutions pour vous aider à rétablir l’harmonie au sein de votre famille :
Au niveau de la routine précédent celle du coucher
- Vous pourriez essayer d’inclure des activités plus actives dans votre routine au retour de la garderie ou du travail : jeux au parc, courses à obstacles dans la maison, danse. Ceci permettra à votre enfant d’éliminer le stress de sa journée tout en répondant à son besoin de bouger.
- Si votre enfant écoute la télévision ou apprécie les jeux électroniques, je vous suggère d’en limiter la durée à une heure par jour au maximum (incluant matin ET soir). De même, il serait préférable d’éteindre tout écran au moins une heure avant son coucher. Bien qu’en apparence ces activités puissent sembler calmes, plusieurs études ont démontré qu’elles stimulent le cerveau et peuvent conséquemment nuire au sommeil.
- Privilégiez des jeux calmes avant la routine du dodo; pâte à modeler, dessin, jeux de blocs, casse-têtes, yoga, jeux de relaxation, etc.
En dehors des heures de sommeil
- Exprimez-lui clairement vos attentes. Expliquez-lui qu’il est un grand garçon et qu’il est capable de dormir dans son lit.
- Aidez-le à apprécier la détente et attirez son attention sur le bien-être qui accompagne la détente et un corps reposé. À titre d’exemple, lorsque vous êtes détendus sur le divan, vous pourriez lui verbaliser, « Tu ne trouves pas qu’on est bien dans la belle couverture toute douce? Mon corps devient tout mou et détendu tellement il est bien! »
- Vous pourriez aussi jouer avec votre enfant à des jeux calmes et riches au niveau de la relation dans sa chambre afin qu’il y associe des expériences positives.
- Je vous suggère aussi de pratiquer votre enfant à vivre des délais le jour afin qu’il soit capable de vivre un succès dans le délai important qui précède le sommeil. Cela peut-être de simplement le faire attendre 30 secondes, 1 minute puis deux minutes avant, par exemple, de lui donner le verre le jus qu’il vous a demandé.
- Encouragez votre enfant à jouer seul parfois et félicitez-le lorsqu’il réussit.
Si votre enfant a peur ou est anxieux:
- Si ses craintes sont reliées aux monstres, vous pourriez créer avec lui une cage attrape-monstres ou encore un vaporisateur anti-monstres que vous laisserez à sa portée.
- Aussi banal que cela puisse paraître, analysez les ombres de sa chambre du point de vue d’un petit enfant et si possible essayez d’éliminer ce qui pourrait sembler effrayant.
- Verbalisez-lui régulièrement où vous serez quand il sera couché, et que vous ne partirez pas. Si vous avez à quitter, dites-lui et rassurez-le sur la personne qui veillera sur lui en votre absence.
- Offrez-lui un toutou spécial avec lequel vous aurez dormi pendant quelques nuits. Expliquez-lui que ce toutou est rempli de votre amour et de votre odeur et qu’il est là pour lui tenir compagnie pendant toute la nuit.
- Vous pourriez aussi lui offrir une petite couverture ayant votre parfum.
- Faites une visualisation d’un temps tout doux et empreint de bonheur pour vous deux. « Tu es avec papa/maman, on marche ensemble sur la plage près du camping, tu sens le vent tout doux flatter tes cheveux et ton cœur est tout heureux. Tu sens tous les muscles de ton corps devenir mous et détendus. Tu es bien, etc.»
- Si votre enfant apprécie le contact physique, vous pourriez intégrer à votre routine une période de massage avec musique douce.
- Si votre enfant semble faire de l’anxiété de séparation et que les méthodes précédentes ne semblent pas donner de résultats, restez un peu près de lui, puis prenez une chaise et assoyez-vous dans sa chambre. Profitez-en pour lire ou faire une activité qui vous détend. Chaque soir éloignez tranquillement votre chaise et rapprochez-la un peu plus vers la porte. Cela le rassurera sur votre présence et il se sentira protégé. Rappelez-lui que vous demeurez à la maison et félicitez-le chaudement de rester dans son lit comme un grand garçon.
S’il se réveille parce qu’il a fait un cauchemar :
- Rendez-vous rapidement dans sa chambre avant qu’il ne soit complètement éveillé et anxieux.
- S’il dort encore, résistez à la tentation de le prendre dans vos bras et de le réveiller. Attendez de voir s’il se réveille par lui-même puis, si c’est le cas, rassurez-le tout de suite sur le fait qu’il peut se rendormir sans s’inquiéter. Restez auprès de lui quelques minutes jusqu’à ce que vous observiez qu’il se détend.
- Attendez au lendemain pour rediscuter du cauchemar.
- Surveillez ce qu’il écoute à la télévision, ce qui semble l’impressionner dans les histoires et éliminez les choses qui semblent lui faire peur ou l’impressionner grandement pour l’instant.
- S’il se rend dans votre chambre sans avoir fait de cauchemar, ramenez-le calmement dans son lit sans trop lui parler pour ne pas induire un état d’éveil ni lui faire vivre un gain d’attention.
Et le plus important : n’oubliez pas de le féliciter!
- Commencez par vous pencher sur la fréquence à laquelle il se lève la nuit et le temps réel qu’il prend à s’endormir le soir. Puis observez attentivement et félicitez-le pour chaque progrès qu’il accomplit. Que ce soit qu’il se réveille maintenant juste 2 fois au lieu de 4 ou qu’il se calme plus rapidement le soir.
- Vous pourriez créer un système d’émulation où vous pourriez mettre un petit collant dès qu’une réussite ou une diminution du comportement indésirable est remarquée. La récompense suite à un collant devrait se faire en temps principalement, c’est-à-dire par l’entremise d’un petit temps spécial choisi entre votre enfant et vous et votre conjoint. Le plus important lorsqu’on implante un tel système est de se rappeler qu’on vise à souligner les succès de l’enfant, aussi petits soient-ils. Il ne faut donc pas mettre l’accent sur les comportements négatifs et toujours se rappeler qu’on ne vise pas la perfection mais bien une diminution du comportement.
Finalement, rappelez-vous que votre enfant aura besoin de temps pour pouvoir réussir à acquérir cette nouvelle compétence. Donnez-vous un bon 21 jours de constance et gardez en tête tous les avantages que vous et votre conjoint gagnerez en bout de ligne. Si malgré tout les problèmes persistent, je vous conseille de consulter un spécialiste.