Bonjour Nanny Secours,Cette semaine en colonie de vacances on m'a informée que mon fils (10 ans) avait volé les bonbons d'un campeur. La situation s’est arrangée entre le moniteur et les enfants, il a avoué et les bonbons ont été redonnés à l'enfant en question. Mais suite à un autre incident survenu peu après celui des bonbons, concernant l'argent perdu/volé d'un campeur, mon fils a été immédiatement pointé. La direction du camp n'ayant pas suffisamment de preuves on laissé tomber les soupçons à son sujet. On ne sait toujours pas si c'est lui ou pas, mais le doute est maintenant présent dans nos têtes (papa et moi). Il reviendra à la maison dans 2 jours. Nous aurons à lui parler. Dans le doute que nous conseillez-vous?De plus, ce même fils a pris l'habitude de s'approprier l'argent qu'il trouve dans la maison depuis déjà un bon bout de temps, et ce, sans se préoccuper si ça lui appartient ou pas. Ça lui est même déjà arrivé une fois d'en prendre directement dans mon porte-feuille (40$, une somme plutôt importante pour un jeune). L’a-t-il déjà fait avant sans que je m'en rendre compte? On commence à être sur nos gardes son père et moi. C'est un enfant qui aime gérer et posséder de l'argent. Il est très généreux, achète des friandises pour lui et ses amis, fait des dons aux oeuvres de charité (petites boîtes de dons aux caisses enregistreuses des magasins), à plusieurs projets d'acquisitions et trouve les moyens d'économiser pour atteindre ses objectifs. Il va lui-même au guichet automatique avec sa carte à puce faire des dépôts, des retraits et vérifier son solde. Je le trouve très à ses affaires, je suis fière de lui même. Maintenant, comment valider nos doutes, où tracer les limites, comment bien l'encadrer et favoriser un développement sain avec l'argent? Avez-vous des suggestions à nous faire ?Merci à l'avanceJosée
Bonjour Mme St-Amand,Effectivement, inculquer de saines habitudes de gestion de l’argent est un défi de taille dans l’éducation des enfants. Plusieurs indices démontrent que vous êtes sur la bonne voie avec votre fils. Évidemment, il devra apprendre à respecter le bien d’autrui afin d’éviter de se mettre les pieds dans les plats.À son retour du camp, je vous suggère de prendre d’abord un temps pour l’accueillir et le laisser raconter son expérience, et ce, même si vous n’avez qu’une seule envie : le questionner sur les histoires de vol. Il se pourrait qu’il vous en parle d’emblée, mais sinon, vous pouvez l’aborder en lui demandant de vous raconter ce qui s’est passé.N’utilisez pas la culpabilité pour l’éduquer : il n’en découlerait qu’une baisse de l’estime de soi et du ressentiment, ce qui risque à plus long terme d’entraîner des comportements dérangeants, dont le vol. Vous pouvez lui faire part de votre malaise et de votre désir de trouver des solutions pour éviter que ce comportement ne devienne pas une habitude.Demandez-lui s’il sait ce qui arrive lorsqu’un adolescent ou un adulte se fait prendre à commettre un vol. Complétez les informations qu’il vous donnera au besoin, tout en demeurant réaliste : inutile de lui dire qu’il risque la prison s’il vole un petit montant d’argent à un copain, vous perdriez toute crédibilité. Vous pouvez par contre lui parler de la méfiance que les autres auront envers lui, de son malaise lorsqu’il est soupçonné et questionné. S’il nie toujours avoir volé l’argent lors du deuxième incident, vous pouvez ouvrir sur la colère et la peine que ça cause d’être injustement accusé, en insistant sur le fait que lorsque des gens savent qu’il a déjà volé, ils se tourneront malheureusement leurs soupçons vers lui le premier dès qu’un autre incident arrivera. Il faut alors regagner la confiance de ces gens.Ensuite, amenez-le à prendre conscience de l’image qu’il souhaite que les gens aient de lui : une personne de confiance ou quelqu’un de malhonnête? Vous pouvez aussi lui nommer votre désir de le voir devenir un adulte responsable face à l’argent et votre engagement à faire tout en votre pouvoir pour le soutenir en ce sens. Cependant, il est important que vous comme lui, soyez conscients que c’est sa responsabilité de faire des choix qui correspondent à l’image qu’il souhaite projeter.Un des moyens pour l’aider à modifier son comportement est de vous assurer qu’il vive des conséquences négatives s’il fait un écart. Pour ce faire :
Ne le protégez jamais des inconvénients qui pourraient découler d’un vol à l’extérieur de la maison (à moins que ce ne soit totalement démesuré ou injustifié évidemment).
Assurez-vous qu’il vive des conséquences chaque fois qu’il s’approprie de l’argent ou un objet ne lui appartenant pas. En plus de rembourser l’argent, il pourrait faire un geste réparateur envers la personne ou payer une « amende » équivalente à 10 % du montant.
Soyez le plus vigilant possible sur l’argent que vous avez en poche afin vous assurer qu’il ne retire pas d’avantages à essayer : s’il se fait prendre une fois sur 3, et que les conséquences ne sont pas assez importantes, il demeure gagnant au bout du compte…
Un piège à éviter : donner une attention démesurée lorsque vous le prenez à voler. Si voler lui permet d’obtenir toute votre attention et votre énergie alors que vous avez peu de temps à lui consacrer en général, il pourrait préférer avoir votre attention de façon négative que rien du tout. Quelques exemples d’attention négative à éviter :
sermonner durant des minutes interminables;
se mettre en colère et crier;
donner des punitions démesurées et sans lien avec le méfait (ex : plus de jeux vidéos durant une semaine pour avoir pris une babiole à un ami);
faire des remarques régulièrement sur le sujet (ex : « On sait bien, on ne peut pas te faire confiance »).
Finalement, je vous suggère une dernière piste à explorer : votre fils a-t-il appris à composer avec les frustrations? Si vous avez tendance à TOUT faire pour que votre enfant soit heureux, à répondre à ses demandes même quand elles sont impolies ou à vous sentir mal si votre enfant vit une déception, il serait important de favoriser cet apprentissage dès maintenant. Les enfants doivent apprendre qu’ils ont des ressources intérieures pour surmonter les émotions causées par le refus d’un adulte ou l’envie envers les possessions d’une autre personne. Amenez-le à nommer ce qu’il ressent : « Tu aimerais vraiment avoir ce jeu vidéo, je comprends. Moi aussi, je crois bien que si j’avais ton âge, j’aimerais bien l’avoir. » Sa peine ou son envie s’atténueront et il verra qu’il peut vivre avec ces émotions qui font partie de la vie de tous.En résumé, si un autre événement survient, écoutez sa version et demandez-lui comment il se sent, ainsi que les conséquences que son geste aura sur les personnes autour de lui. Recherchez ensemble un geste réparateur approprié et appliquez les conséquences prévues tout simplement. Utilisez un ton neutre, soyez bref, laissez-le vivre son inconfort et encouragez-le à trouver des moyens de regagner la confiance des gens.Et si jamais la situation se répète après quelques interventions, je vous invite à consulter un/e professionnel/le tel qu’un psychologue ou un coach familial qui pourra vous aider à trouver la cause et à mettre en place un cadre et des stratégies qui le soutiendront dans ses apprentissages de la vie en société.Bonne chance !