Bonjour,
Voilà j'ai une petite fille de 3 ans et 4 mois qui se nomme Julia. Depuis la naissance de ma petite, j'ai arrêté de travailler pour m'occuper entièrement d'elle. Mon mari étant en fauteuil roulant, nous passons la majeure partie de nos journées à 3. Je sors beaucoup : parc, vélo, trampoline. Nous faisons beaucoup d'activités. Julia est une petite fille très dynamique, qui parle extrêmement bien et qui retient tout ce qu'on peut lui transmettre. Elle a beaucoup de caractère, mais elle est obéissante...
Cela va faire depuis plus de 6 mois que je vis une difficulté immense avec elle où j'en arrive à ne plus trouver les mots et j’ai peur d'être maladroite sur ce que je dis parfois. Tout a commencé par le moment du coucher. Julia ne cesse de se relever. J'ai essayé la méthode calme, mais la situation a empiré. La méthode plus stricte a réduit les levés, mais elle se lève encore. Le coin pour réfléchir, bref tout y est passé et rien ne s’est arrangé... Maintenant elle nous répond (chose qu'elle n'a jamais faite). Quand son papa la gronde ou lui dit de ne pas faire quelque chose, elle se met dans des endroits où elle sait qu'il ne peut pas l'attraper.
Elle reproduit beaucoup de comportements des autres enfants d'école : leurs façons de parler, d'agir, des colères (j'ai l'impression qu'elle se cherche, qu’elle est perdue...) Il y a eu l'arrivée de la petite sœur qui va bientôt avoir 5 mois. Elle l'aime beaucoup et tout se passe bien entre elles. J'essaie de garder tout de même du temps avec Julia (j'allaite la petite), mais je vois que rien n'y fait...
Je viens vers vous afin que vous apportiez une aide : je ne supporte plus cette situation, je ne reconnais plus mon enfant. Je ne veux pas que la petite sente ce stress et cette tension et je ne veux plus voir ma grande se chercher comme ça... Merci infiniment pour votre aide...
Cordialement
Nathalie
Bonjour Nathalie
Merci d’avoir pris le temps de nous écrire concernant les difficultés que vous vivez avec votre fille ainée. Je vais tenter de vous aider du mieux que je peux avec les informations que vous avez fournies.
Certaines informations auraient pu être utiles afin d’avoir un portrait complet de la situation. Par exemple, quelles méthodes douces et strictes avez-vous utilisées et pendant combien de temps? Vous parlez de comportements d’écoliers, est-ce que Julia est en contact avec ces jeunes? Si oui, dans quelles situations?
Cependant, je peux vous guider et vous fournir des pistes de solutions. Les difficultés au coucher semblent avoir débuté un peu avant l’arrivée de bébé. Il est important de noter qu’il est normal que Julia réagisse, c’est sa façon à elle de s’assurer qu’elle a toujours une place bien à elle dans la famille. Elle a toujours eu toute votre attention et voilà qu’elle doit vous partager, ce n’est pas facile pour une enfant d’un peu plus de 3 ans.
- Il est normal que Julia réagisse. Elle peut ressentir de la colère de se sentir remplacée, de la jalousie face à bébé qui reçoit tant d’attention ou encore de la tristesse. Expliquez-lui comment elle se sent en mettant des mots sur ce qu’elle vit. « Tu es triste parce que tu voudrais jouer avec bébé? »
- Il est important que, dans la mesure du possible, vous gardiez la même routine. De cette façon, ce n’est pas tout son quotidien qui changera et ça la sécurisera.
- Alimentez les comportements positifs, Julia se sentira utile et compétente.
- Respectez ses besoins, elle a le droit de vouloir être seule, ou de réclamer un câlin. Si vous n’êtes pas disponible, dites-lui. « Tu voudrais un câlin? Je termine de changer la couche et je t’en ferai un. »
- Encore une fois, impliquez Julia dans les routines avec bébé. Vous pouvez lui demander de vous apporter une couche, un mouchoir, de tenir la lingette.
- Passez du temps seule avec Julia, lorsque bébé fait la sieste par exemple. Faites des activités de grands et laissez-la choisir un jeu ou une activité. Voir le temps d’exclusivité un peu plus loin.
Est-ce que vous avez une routine stable au moment du coucher? Si oui, il est important de vous y tenir. Sinon, il pourrait être intéressant d’en établir une qui vous convient afin qu’elle soit facile à maintenir. En voici un exemple : après le souper, période de jeu, ensuite c’est l’heure du bain, brossage des dents, une histoire et dodo (pendant que vous préparez bébé au coucher, papa peut lui raconter l’histoire). Comme je vous l’ai dit, c’est un exemple, alors à vous de l’adapter à votre réalité familiale.
Ce que je comprends du comportement que vous avez décrit est que Julia semble vouloir votre attention (il se peut qu’elle se relève pour passer plus de temps avec vous, même si le résultat est d’être chicanée). Il faut garder en tête qu’elle est habituée de vous avoir tous les deux pour elle toute seule. Une façon de lui permettre de combler ce besoin d’attention pourrait être une période de temps d’exclusivité. C’est-à-dire un temps où vous serez seule avec elle (ça peut être un temps d’exclusivité avec papa aussi ou les deux ensemble pour commencer et un à la fois par la suite). Cette période de 20 minutes est exclusive, ce qui veut dire que rien ne peut déranger ce temps (ni le bébé qui pleure, ni le téléphone qui sonne) vous êtes disponible pour Julia et seulement pour elle. Voici un extrait où Brigitte Racine explique cette méthode :
Voici en quoi consiste « Le 20 minutes »:
- Dites à votre enfant qu’à partir de maintenant vous aurez avec lui des périodes de jeux exclusives, en tête à tête, qui dureront 20 minutes. Pour l’enfant qui n’a pas encore la notion du temps, dites-lui qu’une sonnerie indiquera la fin de ces périodes de jeu.
- Déterminez chaque semaine trois périodes de 20 minutes que vous passerez avec votre enfant.
- Ce temps doit être consacré exclusivement à votre enfant. Un seul enfant à la fois
- Il est interdit de regarder la télévision ou de jouer à des jeux électroniques durant cette période.
- Vous ne répondez ni à la porte, ni au téléphone.
- C’est l’enfant qui décide du jeu et des règles. « C’est à son tour de décider. »
- Laissez-vous guider par votre enfant.
- Regardez-le faire et participez s’il le demande.
- Ne posez pas de questions et ne faites pas de suggestions.
- Occasionnellement, donnez du renforcement positif à votre enfant. Si vous appréciez ce moment, dites-le-lui.
- Arrêtez-vous comme convenu après les 20 minutes.
- Cette période de temps est inconditionnelle. Vous l’en avez informé et vous vous devez de respecter votre engagement sans égard à son comportement durant la journée.
Extrait tiré du site http://www.educoeur.ca/
Cette méthode comblera une grande part des besoins affectifs de Julia soit : le besoin de sécurité, le besoin d’amour (aimer et être aimé), le besoin de compétence, le besoin de liberté et le besoin de plaisir.
Pour ce qui est du fait qu’elle vous réponde, il est important de lui mentionner que ce comportement n’est pas acceptable, mais sans insister. Si vous insistez, elle recevra de l’attention et risque de reproduire le comportement indésirable. J’espère que ces éléments de réponses sauront vous guider et que les quelques pistes d’interventions vous seront utiles.