Revenir à l'essentiel… notre réel pouvoir de parent !

Revenir à l'essentiel… notre réel pouvoir de parent !
Il m’est arrivée une anecdote avec mon fils de 4 ans que j’avais le goût de partager à un plus large public et qui m’a fait réaliser une fois de plus, l’importance de la communication et surtout, de la réception face aux émotions de nos enfants.

C’est l’arrivée de l’automne etle retour à la garderie ou à l'école pour les enfants de tous âges. La fameuse routine qui reprend tout naturellement avec le début des cours parascolaires et sportifs. Pour notre ti-loup Tristan, il y a nouveauté à son programme: cours de patins.

Depuis une semaine, il ne se peut plus et compte même les dodos tant il est excité à l'idée d'assister à son premier cours. Arrive enfin le samedi matin tant attendu. Toute la petite famille quitte la maison prête à vivre une nouvelle expérience avec Tristan qui tout joyeux tient ses patins dans les mains comme de vrais  trophées.

Bien sûr, l’arrivée à la patinoire est  prévue de bonnes minutes à l'avance. Question d'apprendre le fonctionnement, poser les questions, mais surtout de préparer fiston. Il me demande alors:

« Maman, est-ce que je vais avoir ma barre pour me tenir sur la glace? »

Vous savez, la barre qui sert de support ressemblant à un but de hockey sans filet.

« Probablement ti-loup. Tu es ici pour apprendre. Comme d'autres amis de ton âge... Tu ne l'auras sans doute pas toujours puisque le but est que tu apprennes à patiner tout seul. Mais ne t'en fais pas, tu seras bien guidé » que je m'empresse de lui répondre pour le rassurer. Ce qui semble parfaitement le satisfaire.

Ça y est! C'est l'heure! Ti- loup embarque sur la glace l'air un peu tendu, mais combien fier. On lui remet sa fameuse barre. Comme on le fait aux autres amis. Bien que certains paraissent plus âgés et vraiment trop expérimentés pour faire partie de ce groupe d’enfants... Sur la glace, c’est un peu la cohue. Beaucoup de monitrices. Plein d'enfants. Et tous tournent dans des sens différents. Bref, pas très clair qui est avec qui...mais pas grave. C’est le premier jour. Il va sûrement se former des groupes. Et de toute façon ti-loup semble bien. Il avance. Il ne sait pas où il doit  aller, on le devine, mais l'exploit de se tenir debout sur ses patins à glace et se coordonner avec tout ce monde qui va et vient dans tous les sens, c'est déjà remarquable, non? Ti-loup se plait. Il est bien... papa et maman aussi.

Puis voilà qu'on semble enfin vouloir mettre de l'ordre. Les bleus ici. Les rouges là. Et ainsi de suite. Ce qui soulève une question pour nous: on ne nous a pas indiqué sa couleur. Qu'importe. Il se débrouillera bien qu'on se dit en regardant les enfants qui rejoignent leur groupe. Sauf que notre ti- loup, lui, n'en rejoint aucun. Mais il est mignon comme tout. Il est heureux de réussir à se promener tant bien que mal, à sa guise.

Une monitrice vient le voir. Lui parle. On peut deviner qu'elle lui demande son nom et pointe du doigt ce qui doit représenter son groupe. Nous sommes rassurés : tout va s'organiser. Ti- loup travaille tellement fort pour tenter de rejoindre ce groupe. Le hic, c'est que sa troupe est toujours en mouvement. Se déplace plus vite que notre petit apprenti patineur, le laissant à nouveau isolé et désorienté. Jusqu'à  ce que, enfin, une autre monitrice s'approche de lui, lui parle et le redirige vers son groupe. Un scénario qui se répète ainsi à quelques reprises.

En parents modèles, fiers de sa progéniture, mon mari et moi grands sourires aux lèvres, restons bien assis dans les estrades avec le frérot, tout en lançant des bravos et des applaudissements plus grands que nature. Je dis à mon mari:

« Wow... il semble perdu, mais il se plait tellement...il a vraiment cheminé dans sa confiance en lui face à la nouveauté et l'inconnu ». Je fais référence à d'autres situations exigeantes que ti- loup a vécues auparavant.

De bonnes minutes passent. Une monitrice se dirige alors directement sur ti-loup et lui retire sa "barre", en lui disant on ne sait quoi et s'éloigne rapidement ...

Ouais ...un peu drastique qu'on se dit en s’échangeant un regard mon mari et moi. Mais bon, elle va revenir le chercher pour l'accompagner...Mais non. Au contraire. Elle s'éloigne encore plus avec la barre. Jusqu'à aller la porter à l'extérieur de la patinoire. Pire. Elle abandonne fiston pour retourner complètement à l'opposé de la glace et en laissant notre ti-loup-sans-barre ni soutien de sa part. Comme ça. Sans plus.

Évidement ti-loup tombe. Se relève. Retombe. Puis se met à pleurer. Mais personne ne vient à lui. L'anxiété se mêle maintenant aux larmes, laissant papa et maman abasourdis. Surtout par l'action de la monitrice. Maman-poule se réveille. Peut- être bien maman-lion pour être plus juste.

« Calme, calme » que je me dis. Il y a sûrement une explication à une pareille méthode. Par contre, je sais très bien que dans l'état que se trouve mon fils, rien n'est à faire. Il n'est plus là. L'anxiété a gagné. Je m'approche de la bande et je demande, un peu incrédule, qu'on lui redonne sa barre. Ce qu'on consent à faire. Mais trop peu, trop tard. Ti-loup a décroché complètement. Les gens ont beau venir le voir pour l'inviter à retourner vers son groupe dont il devrait connaître la couleur que nous ne connaissons même pas, et il pleure.

Son papa et moi décidons que c'est assez. Surtout que le but c’est qu’il s’amuse, et non pas qu’il devienne un patineur olympique. On lui fait signe de s'approcher et réussissons à lui parler à travers la vitre. Ti-loup la voix étranglée nous demande de peine et de misère s'il peut sortir. On tente de le persuader de rester. Mais rien à faire. Aucune réception.

Un tourbillon de questions me vient soudain en tête. On continue nos encouragements? On va le chercher? De quoi aurons-nous l'air? Que ferait le "bon" parent? Le malaise devient fort. Nos cœurs de parents prennent le dessus sur la raison. Nous lui faisons signe de retraverser la patinoire pour qu'on puisse aller le chercher.

Arrivée près du point de rencontre avec fiston, je sens l'accueil mitigé des deux organisatrices du groupe. La première semble d'accord avec mon action, alors que l'autre s'empresse de me dire de me retirer pour que mon enfant ne me voie pas. Elle me prie gentiment de retourner dans les estrades afin de lui permettre de prendre confiance en lui.

« Vite, il vous voit... regardez, il va ici et là... Allez ...Retournez dans les estrades ».

On envoie une nouvelle personne à ti-loup. Petite discussion. Et hop, il a l’air plus calme. Prend une barre et retourne se promener. Les yeux et les joues encore mouillés, mais il semble avoir repris le contrôle. Ouf! Papa et maman se sentent soulagés. Bien que soudainement envahis de cette étrange culpabilité de ne pas avoir été à la hauteur comme parents.  Trop proactifs en étant intervenus trop vite? N'avoir pas su faire confiance?

Ti-loup a encore quelques larmes alors maman oublie ses tiraillements  et l’encourage et l'applaudis encore plus fort...

Finalement le cours se termine avec fiston qui a finalement intégré  son groupe.  L’incident aurait bien pu se terminer ainsi, mais c’était loin d'être fini, croyez-moi ... Parce que ti- loup en s'approchant éclate à nouveau et nous déclare qu'il ne veut plus faire de patins.

« Jamais, jamais, JAMAIS ! » précise-t-il.

Mon mari et moi d'un commun accord, choisissons de laisser notre petit démissionnaire s’exprimer, en nous disant que le restaurant en famille va faire retomber doucement la poussière et que ti-loup va peut-être oublier et finir par changer d'avis.

Quelques  heures plus tard, de retour à la maison, je l’aperçois qui veut arracher les pictogrammes sur le calendrier indiquant les jours de ses cours de patins.  C'est à ce moment que je comprends que rien n’était terminé et que le moment était venu d'écouter mon fils…

« Qu'est-ce que tu n'as pas aimé, mon grand ? » lui demande-je.

« Tout. Tout. TOUT. Je ne veux plus jamais y aller ! » me répond-il  d'un trait.

C'est à mon tour de patiner… je tente de désamorcer la situation, mais surtout de cibler l'élément déclencheur de sa déclaration. Il me dit alors :

« Je n'ai pas aimé que la dame m'enlève ma barre ! »

« Tu as raison ti- loup. Moi non plus je n'ai pas aimé. C'est normal que tu ne te sois pas senti bien. Probablement que moi aussi je me serais sentie pareille. La dame a pris une mauvaise décision en ne revenant pas te porter soutien. »

Il me regarde soudain  avec un air un peu perplexe…comme s’il se disait que les adultes devaient avoir toujours raison...

Au même moment, je m’efforce de ne pas laisser transparaître mon propre désarroi  face à tout cela. Question de garder mon « look » de bon parent qui saura dédramatiser le sujet.

Il me confie alors :

« Maman, l’autre dame m’a dit que si je n’arrête  pas de pleurnicher pour rien, elle va m’enlever de nouveau ma barre… »

Ouf ! Quel habile avertissement! Pour que Ti-loup me relate ces mots, c’est certain qu’il avait eu ce discours…  Mon côté revendicateur encouragé par  une certaine  indignation  se réveille   soudain. Que faire ? Mille et une choses me  viennent en tête. Je tente de filtrer ce qui peut se faire ou se dire, tout en essayant de trouver LA réponse pouvant corriger ou expliquer la situation. Bref…toutes ces avenues se chevauchent. Voyant et extrapolant les séquelles possibles sur ses 15 prochaines années…la panique a envie de s’installer dans mon rôle du parent-parfait-avec-la-phrase-parfaite-sur-l’enfant-parfait-dans-sa bulle-de-verre…parfaite !

Et là, tout à coup, je me suis simplement dit :

« Ho là, ça ne fait que commencer ce genre de trucs sur lesquels je n’ai pas de pouvoir, sur ce que mon fils peut et pourra se faire dire par autrui… On ne se pétera pas une crise d’angoisse familiale accompagnée d’un sentiment d’échec de ne pas avoir réussi à l’exempter de tout cela, à chaque fois qu’une adversité ou une situation difficile à contrôler vont se présenter ! »

Valait donc mieux reconnaitre cet évènement comme étant une opportunité  à lui enseigner certaines notions de la vie et de laisser tomber toutes ces  questions que l’on se pose en tant que parents.

Je choisis alors  de me  rapprocher encore plus près de lui,  en lui murmurant simplement…

«Ti-loup, maman doit t’expliquer quelque chose. Tu sais, je te disais tout à l’heure que la première dame n’avait pas pris une bonne décision en t’enlevant ta barre ainsi sans t’offrir  une autre solution. Eh bien, c’est vrai. Peu importe les explications qu’on peut aller chercher, toi et moi, on sait que ce n’était pas la meilleure chose ce qu’elle a fait. Tu es là pour apprendre. Normalement, la personne doit t’accompagner, être avec toi pour te montrer de nouvelles choses. Imagine si on mettait ton petit frère (âgé d’un an et demi) sur ton vélo, sans aucune aide et qu’on partait… »

« Ben non maman, il ne serait pas capable et il va pleurer ! »

« Tu as raison mon grand, et c’est normal qu’il fasse ça, tout comme toi… ta réaction était donc normale… »

Il me regarde avec une expression de soulagement. Je poursuis donc :

«Maintenant, autre chose que je dois t’expliquer. Tu sais, les grandes personnes n’ont pas toujours raison. Ce n’est pas parce qu’on est adulte qu’on a raison ! La deuxième dame n’avait pas du tout raison  de te dire que tu pleurais pour rien et encore moins raison de te dire qu’elle allait t’enlever ta barre si… »

Je le vois de plus en plus soulagé, mais en même temps, stupéfait face à ce qui semble comme une grande nouvelle que je lui annonçais. Du coup, la détente s’installe entre nous deux  et je sens également qu’une étape importante vient d’être franchie,  soit celle de briser l’illusion du monde magique et parfait que les jeunes enfants ont de nous, les adultes. Bien que j’avoue que j’aurais préféré ne pas avoir à le faire. Ou encore, à le faire que bien plus tard…

Il n’est  jamais facile d’avoir ce type d’honnêteté avec notre enfant, mais combien efficaces sont les résultats sur notre évolution.

Ti-loup me dit donc :

« Maman, il y a autre chose que je n’ai pas aimé. Je n’aime pas quand tu applaudis ma peine ! »

Étonnée, mais avec un sourire en coin, je lui explique le concept de l’encouragement. Il réplique immédiatement en me donnant son point de vue.

« Ce n’est pas le fun pareil de se faire applaudir notre peine. »

Avec calme et détachement, je lui dis :

« Dernière chose que je dois t’expliquer mon grand. Tu sais, maman apprend à être une maman avec toi et ton frère. Je peux me tromper aussi. Le fait que tu me le dises comme tu le fais maintenant, je vais savoir ce que je dois faire une prochaine fois. Merci de me l’apprendre et de m’aider à être une meilleure maman pour toi et ton frérot. Tu m’apprends beaucoup. »

Il éclate alors de rire…un rire tellement naturel de soulagement  et de … je ne saurais le décrire. Mais un rire qui me confirme  qu’il a complètement relâché la tension et cette responsabilité qu’il portait sur ses épaules depuis la matinée. À vrai dire, nous ressentons tous les deux un soulagement et un bien-être incomparables.

Et ce n’est pas la fin,  il ajoute :

«Tu sais maman, c’est parce que tu n’étais pas une vraie maman avant que je t’aide. Maintenant, tu l’es. La prochaine fois, fait juste un sourire ou un clin d’œil, ça va être correct.»

Je ne sais pas si notre ti-loup apprendra à patiner cette année, mais chose certaine, il aura eu l’occasion de faire plusieurs apprentissages… et papa et maman également! Comme celui de découvrir ou redécouvrir ce qu’il faut parfois démontrer de souplesse devant les erreurs des autres. Que l’on soit un adulte ou un enfant.

Le but de ce récit n’est surtout pas de dénoncer qui ou quoi que ce soit, mais de véhiculer tout simplement l’importance de prendre le temps de communiquer avec nos enfants.

Se mettre à leur hauteur, partager leur langage et surtout ne pas avoir peur d’être sincère et honnête.  C’est en demeurant ouverte et accueillante que mon fils est parvenu à se confier véritablement sur son mécontentement et a pu évacuer complètement la tension qu’il vivait.

Je le sais pourtant, je le dis souvent même… mais là, je l’ai tout simplement vécu… Revenir à l’essentiel redonne du pouvoir à l’enfant sur la situation et c’est là  notre réel pouvoir de parent !

Une Maman en APPRENTISSAGE :-)

Caroline Boutin

Technicienne en travail social - Membre du Réseau Nanny secours 2013-2017 BESOIN D'UNE CONSULTATION?

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