Il a tellement pleuré qu'il en avait le souffle coupé.
J'avais le coeur en miettes, de le voir ainsi.
Je ne savais pas pourquoi j'avais tant crié.
Dans ces moments-là, je m'haïs en maudit.
Ce n'était pas tant ce qu'il avait fait,
Que l'ambiance de la maison depuis le lever.
Tout le jour, j'avais relevé leurs méfaits,
Leurs façons de ne pas se respecter.
L'un après l'autre, s'interpellant pour des riens.
C'est ma job. C'est mon rôle. Je devais agir.
Punitions, morale et "Va dans le coin!"
Je manquais de ressources pour contrôler l'ire.
Je le sentais monter en moi, ce grave état.
Celui qu'on visite souvent,
sans jamais vraiment le vouloir.
Celui qu'on ne veut pas,
celui que l'on n’aime pas.
Je n'étais pas un touriste
dans ce pays de colère noire.
J'avais pourtant une autre fois,
sonné le glas bien fort.
J'avais dit à mon trio de gars
qu'il était "moins deux!"
Mais ma remarque avait fait
un détour dans le décor.
Ma patience n'était plus du voyage
et là ça devenait affreux.
À cet instant, seul sur le mont Famille,
J'ai su que je devais reprendre le contrôle.
Rien de leurs discordes, de leurs chicanes
ou de leurs bisbilles,
Ne pouvait plus les amuser, il n'y avait plus rien de drôle.
C'est là que je suis devenu papa comme jamais.
Un mélange de colère et d'inconnu, tiens!
J'ai déclaré haut et fort que les jeux étaient faits.
Et que je renvoyais les "ti-n-amis" jusqu'à demain.
J'ai trois garçons qui sont tous bons, mais parfois,
Si un seul crie, je pense qu'ils font tous des bêtises.
Je n'entends qu'un cri d'enfant qui en vaut trois.
Et je pense qu'ils sont tous, en état de crise.
Chacun dans son coin, chacun privé de tout.
Que voulez-vous, ce fut mon hystérie!
Le benjamin se met à pleurer un bon coup.
Je ne réponds rien, ma batterie est à « empty ».
Ses larmes sont doublées de "Je n'ai rien fait..."
Mais, mon coeur est ailleurs et sans réponse.
Il insiste, il insiste, malgré mes "Tu te tais!"
Je sens que plus j'insiste et plus je m'enfonce.
Je me trouve dans son regard d'enfant non compris,
Dans sa voix désespérée qui me supplie d'écouter.
Mais, je me perds dans un cul-de-sac qui rétrécit,
Où le retour en arrière n'est pas une possibilité.
Voilà où je deviens pénitent aujourd'hui.
Si à tête reposée je me repasse mon scénario de con,
C'est vrai que mon fiston, celui aux larmes, en boni,
Avait, tout le jour, évité les collisions.
Je l'ai bêtement privé d'une belle fin de journée.
Était-ce la fatigue ou ces dérives d'inconnues parentales?
Je sais juste, que je fus injuste d'ainsi le traiter.
Et, mon coeur, pour ce geste, me fait encore mal.
Je t'aime fiston, je vous aime tous les trois.
Si je crie, je punis et que je me trompe parfois,
Essayez de ne pas trop en faire de cas,
Le père en moi apprend qu’un n'égale pas trois.
Texte rédigé printemps 2009