Un jeune adulte qui ne veut pas travailler...

Je suis la tante d'une ado (maintenant une adulte au niveau de la loi) de ...18ans. Peux-tu me dire comment motiver et convaincre cette jeune fille d'aller travailler? Eh oui, la demoiselle ne va pas à l'école, ne cherche pas d'emploi et retire son aide sociale. Ça ne l'intéresse pas de travailler, elle dit qu'elle n'aura plus de « vie », qu'elle ne verra plus ses amis. Sa « vie », c'est chatter à la journée longue sur Internet avec ses amis, dormir jusqu'à 11 heures tous les jours, se prendre en photo, etc. Je sais que rien de tout ça n'est mal, mais ce n'est pas ça la vie à long terme. Je pense qu'elle se comporte comme une fillette de 14 ans qui ne pense qu'à s'amuser.

Comme ses parents (deux personnes avec des problèmes de consommation) l'ont « mis dehors », elle a vécu chez une connaissance deux mois et chez son amie un mois, d'où elle a été jeté dehors par la mère de cette dernière. Elle a maintenant trouvé une autre personne charitable pour l'héberger.C'est temporaire, car le monsieur n'a pas l'intention de la garder à long terme. Ma mère et moi souhaitons qu'elle vienne vivre près de chez-nous afin de la supporter. Nous hésitons toutefois à l'héberger et nous ne voulons pas l'aider pendant qu'elle reste sur l'aide sociale à ne rien faire. On veut plutôt l'encourager à se trouver un emploi.

Nous sommes prêtes à l'aider à trouver une chambre, à la dépanner pour la nourriture si elle n'en a pas assez, mais nous croyons que si on l'héberge, ça ne va pas l'aider. Nous sommes toutefois inquiètes et avons très peur qu'elle ne sombre dans la drogue et la délinquance si elle se retrouve à la rue. Elle est très immature et n'a aucun sens de la débrouillardise pour son âge. Que nous conseilles-tu?

En fait, cette jeune fille immature doit murir progressivement. On ne peut faire quoi que ce soit pour lui insuffler, comme par magie, le sens des responsabilités. La motivation s'acquiert graduellement à travers l'accumulation de situations où nos efforts nous ont apporté des réussites et des situations où notre manque d'efforts nous a apporté des inconvénients.Dans toute situation, ce qui fait que quelqu'un accepte de se mettre en action pour changer est deux ingrédients essentiels:

• Le malaise: Si on ne ressent pas de malaise dans notre situation, pourquoi faire l'effort de la changer? Pour certaines personnes, être sur l'aide sociale représente une honte et le simple fait de devoir assumer ce « statut » est un malaise suffisant pour se mobiliser. Toutefois, chez les gens qui ont beaucoup de personnes sur l'aide sociale dans leur entourage, il n'y a aucun malaise puisqu'ils sont comme les autres. Ceux-ci ont été habitués à avoir peu de besoin, ils se contentent de peu. Malheureusement, en l'hébergeant, son entourage ne lui permet pas d'assumer les inconvénients de son choix... Elle ne vit pas de malaise, sa situation est confortable. Quand elle se fait mettre dehors, elle trouve une autre âme charitable. Elle continuera donc jusqu'à avoir épuisé son réseau... De plus, elle a possiblement eu ce modèle par ses parents, donc n'en ressent aucune honte. Je ne peux que vous conseiller de ne PAS l'héberger, ni la dépanner financièrement quand elle sera mal prise (après la première épicerie qui je crois est un coup de main adéquat).

• L'espoir: La personne qui vit du malaise doit toutefois être persuadée que si elle y met l'effort, la vie peut s'améliorer. C'est là que vient jouer l'estime de soi. Si cette jeune pense qu'elle ne « vaut pas mieux » ou qu'elle serait incapable de faire un travail intéressant, elle risque fort de ne pas tenter de se mobiliser. Par exemple, le jeune qui réussit à l'école aura bien plus de facilité à se motiver à travailler que celui qui n'a accumulé que des échecs. Un échec est bien plus facile à assumer quand on n'a mis aucun effort!! Votre rôle est donc de lui faire miroiter, subtilement autant que possible, tout ce qu'elle pourrait faire et avoir avec un peu plus d'argent dans ses poches, de la mettre en contact avec des jeunes de son âge qui ont un niveau de vie UN PEU supérieur à elle, mais avec qui elle peut se comparer (lui présenter un jeune hyper performant ne ferait que l'écraser davantage, mais un jeune qui en a arraché, qui vient d'un milieu pas facile et finalement, qui s'en sort pas pire, peut la motiver. ), l'aider à reconnaître et à exploiter ses forces naturelles: (ex: si elle a le tour avec les enfants, lui demander de garder et lui montrer à quel point elle est appréciée des enfants, lui montrer les débouchés dans cette discipline) et lui faire savoir que jamais vous ne ramerez à sa place, mais que vous serez toujours là pour la conseiller, l'encourager et l'épauler quand elle se décidera à ramer.

• Finalement, évitez les discours alarmistes ou négatifs: « Tu ne feras jamais rien de bon... » etc. Ils ne feraient que la démotiver.

Malheureusement, je pense qu'elle devra vivre des étapes bien désagréables avant de maturer et ça risque de prendre de 2 à 3 ans. Ne la rejetez pas malgré ses erreurs, respectez ses choix même s'ils vous semblent aberrants, laissez la assumer.

Bonne chance !