Je suis une grande privilégiée. Toute ma vie, j’ai eu la très grande chance d’être témoin de ces moments de grâce où le regard d’un papa s’illumine en contemplant son enfant. D’abord - et c’est là ma plus grande richesse - dans les yeux de mon père.
Quand il était là mon papa, je pouvais être moi : audacieuse dans la forêt, curieuse à le regarder travailler sans jamais sentir que je le dérangeais (même s’il devait me contourner pour aller chercher ses outils !) ou remplie d’un sentiment de paix, debout à ses côtés à se chauffer les fesses en silence à 30 centimètres du poêle à bois qu’il venait d’allumer… Nul besoin de parler pour sentir qu’il avait confiance en moi et que ma présence lui réchauffait le cœur ! À ses côtés, on aurait dit que des ailes se déployaient dans mon dos !
Ces ailes m’ont portée dans mes élans de vie tout comme dans les épreuves. Interpellée par les relations humaines, passionnée par les liens qui se tissent entre un enfant et ses parents, j’ai accompagné plus de 200 naissances et j’apporte aujourd’hui mon soutien aux familles en tant que coach familial. À travers toutes ces années, que d’étoiles j’ai vu briller dans les yeux des papas !
Je me souviens de Martin…
Cet homme qui s’était mis à pleurer lors de notre première rencontre prénatale : je venais de lui offrir le plus merveilleux des cadeaux en lui disant qu’il pourrait accueillir son enfant de ses mains. Je suis sortie de cette rencontre bouleversée, touchée droit au cœur par cet homme sensible et intuitif. Mais que dire de l’émotion qui me portait quand j’ai repris le volant de ma voiture quelques mois plus tard, après qu’il ait lui-même accompli le geste sacré de remettre sa fille dans les bras de sa mère… Comme un avant-goût de la vie palpitante qui l’attendait lorsqu’elle serait prête à explorer le monde…
Il y a Stéphane aussi...
Que son ami était venu visiter tout juste après la naissance de sa première fille, bébé qu’il n’avait pas encore eu la chance de tenir dans ses bras. Une infirmière est entrée, interrompant une discussion que Stéphane n’avait d’ailleurs plus envie de poursuivre : elle venait le chercher pour qu’il puisse enfin rencontrer celle qui le charmerait de son regard, tissant un lien unique, inaltérable entre elle et lui. Magie, magie : plus rien au monde n’existait que ce petit être tout chaud qu’il tenait dans ses bras. Pas même le bon vieux chum de gars !
Et puis Serge...
Ce grand ami qui m’offre depuis plus de dix ans, ses questionnements, ses joies, ses peines et ses inquiétudes pour ses deux merveilleux enfants ! Il peut me parler de leur naissance avec la même passion qu’une maman, pleurer à chaudes larmes, impuissant devant l’épreuve de sa fille ou se tenir debout envers et contre tous, pour répondre aux besoins de l’un d’eux, quitte à sortir des sentiers battus s’il le faut. Oh qu’il en a eu des doutes !!! Mais que ses adolescents sont beaux, inspirants et rayonnants aujourd’hui !
Et Perry…
Fier papa qui avait bien peur de ne pas être à la hauteur lorsqu’il s’est retrouvé tout seul avec ses enfants une semaine sur deux. C’est son amour pour ces deux petits êtres uniques qui lui a donné le courage de réussir avec brio. Et quand il leur dit qu’ils sont ses deux trésors et qu’il se sent privilégié de les avoir dans sa vie, ils ont beau douter des mots, ils ne peuvent douter de son amour et de son bonheur d’être avec eux, de partager leur quotidien et mille et une activités en leur compagnie. Mais ce dont ils ne se doutent pas, c’est que leur présence le transforme au fil des ans, en lui enseignant l’amour inconditionnel, le don de soi, la générosité et la patience, entre autres. Et à les voir ensemble, je sais que ce ne sont pas que des mots…
Sans oublier Martin...
Un autre papa rempli d’amour. Et il a le cœur élastique ce papa de 5 enfants : il me parle de chacun, chacune avec tant de fierté ! Ils sont tous uniques, et je sens bien à quel point il se réjouit de leurs richesses et talents parfois étonnants. Un exemple : la tendresse et la fierté qui l’ont envahi ce soir de spectacle de chorale où un de ses fils chantait avec tant de ferveur, qu’une larme brillait dans ses yeux…
Bien sûr, J’ai vu de très bons papas totalement désintéressés par la grossesse, l’accouchement et les premiers mois du bébé. J’ai aussi vu des papas froids, distants, blessants, trop mous ou trop autoritaires. Et des mamans aussi… On fait ce qu’on peut avec notre histoire, nos blessures, nos peurs. Mais pour peu qu’on s’en approche, avec l’humilité d’être imparfaits et en apprentissage, les enfants sont nos meilleurs guides sur la route du bonheur. Parce que s’ils ont le pouvoir d’éveiller le meilleur en nous, ils mettent aussi très souvent, et bien malgré eux, la lumière sur nos parts d’ombres... Et c’est alors que notre amour pour eux devient une force inestimable pour faire le ménage de ce qui encombre notre cœur, nous permettant ainsi de découvrir de nouvelles façons d’aimer et d’être heureux comme jamais !
Alors les papas : prêtez-vous au jeu ! Explorez vos couleurs de pères pour en faire une toile que vous enrichirez au fil du temps… Et osez utiliser de nouvelles couleurs pour recouvrir les parties que vous aimeriez reprendre : il sera toujours temps de créer une œuvre dont vous serez fiers votre vie entière !